Île-de-France: «Ville et nature ne s’opposent pas forcément»
DEBAT•Ce mercredi au Centquatre, l’Agence des espaces verts de la région Île-de-France organise un colloque intitulé «Dompter la ville par la nature». Rencontre avec son directeur adjoint, Eric Goulouzelle…Fabrice Pouliquen
Quelles nouvelles relations peut-on instaurer entre la ville et la nature? C’est à cette vaste question que tentera de répondre ce mercredi un colloque de l’Agence des espaces verts (AEV) de la région Île-de-France au Centquatre. Le premier enjeu, pour Eric Goulouzelle, directeur adjoint de l‘AEV, est déjà de préserver les paysages franciliens existants.
«Dompter la ville par la nature»… En quoi le thème de ce colloque est inédit?
Ce n’est pas le premier colloque que nous organisons. Mais jamais nous avions axé encore ces journées de débat sur l’angle des paysages. Il sera questions de l’aménagement de la région, mais surtout de la préservation des paysages existants. En Île-de-France, ces paysages sont de grandes qualités.
Les Franciliens le sous-estiment-ils?
Ces dernières années, il y a une prise de conscience est indéniable sur tout ce qui touche à la réintroduction de la nature dans la ville et à la préservation des espaces animales et végétales. Mais oui, la prise de conscience est moindre sur la nécessité de préserver le potentiel naturel existant en Île-de-France. Ces paysages de grandes qualités sont trop souvent encore sous-estimés des Franciliens.
Quels sont ces paysages justement?
D’abord, il faut savoir que seulement 25% de l’île-de-France est aujourd’hui urbanisé. Le reste, ce sont des forêts (24%), des terres agricoles et des milieux divers. Dans le lot figurent notamment les coteaux de la Roche-Guyon (Val d’Oise) ou le plateau agricole de Saclay (Essonne et Yvelines) aux portes Paris. Deux exemples de ces paysages franciliens remarquables.
Des projets comme Europa City dans le Triangle de Gonesse ou le Village Nature à deux pas de Disneyland Paris prévoient de rogner des terres agricoles franciliennes. Peut-on parler d’une urbanisation galopante en Île-de-France?
Cette urbanisation n’est pas propre à l’Île-de-France. On perd en surfaces agricoles l’équivalent d’un département tous les dix ans et on parle d’une tendance qui s’accélère et qui nous rapproche de l’équivalent d’un département perdu tous les sept ans. Plus précisément, l’Île-de-France perd 1.500 hectares de terres agricoles chaque année. C’est ainsi, difficile de lutter contre. L’AEV est bien plus là pour accompagner ce développement urbain. Un rapport pacifié est à trouver entre nature et ville. Les deux ne s’opposent pas.
Quelles sont justement ces solutions pour concilier ville et nature?
L’AEV mène par exemple des actions de protection des espaces naturels existants. C’est le cas pour les coteaux de la Roche-Guyon ou le plateau de Saclay. Nous faisons aussi l’inverse, en réintroduisant des espaces naturels dans des zones dégradées. Des anciennes carrières ou des anciennes décharges. C’est le cas de la Butte Pinson à cheval de la Seine-Saint-Denis et le Val d’Oise. Cette terre a un passé agricole et horticole extraordinaire qui s’est perdu aujourd’hui et que nous essayons de retrouver en ouvrant des jardins familiaux, des potagers ou des poulaillers partagés. Il n’y a pas que nous bien sûr. Des paysages et urbanistes viendront présenter leurs solutions au colloque. Dans Paris intramuros, cela passe notamment par la réhabilitation de la petite ceinture ou même, tout simplement par le fait de ne plus désherber les pieds des arbres de la capitale.