Paris: Trois jours de festival pour comprendre comment parlent les jeunes
DEBAT•Pendant trois jours, le Festival des conversations invite à poser les smartphones et à se retrouver autour d'une table, pour analyser nos façons de discuter...Fabrice Pouliquen
Pas question de dire que les jeunes se parlent moins ou plus mal qu’avant. Même à l’heure de la conversation interposée par écran. Le publicitaire Guillaume Villemot balaie le préjugé d’entrée de jeu. Son festival des conversations, qu’il a co-crée il y a trois ans avec l’écrivain Alexandre Jardin et qui démarre ce mardi, n’a pas choisi le pluriel par hasard.
Pendant trois jours de débats où tout le monde peut prendre la parole, le festival s’intéressera à toutes les formes de conversations possibles. En particulier celle des jeunes à l’heure du numérique et des réseaux sociaux, thématique de cette nouvelle édition. Comment les jeunes construisent-ils leurs conversations aujourd’hui? Sont-elles un moyen de se connaître ou de se fermer? De quoi parle-t-on sur Facebook et Twitter? L’utilisation des écrans est-elle une nouvelle façon de converser?
«Sortir de la posture de gardiens du Temple»
La thématique est vaste et le premier enjeu de ce festival sera de ne pas en débattre exclusivement avec des yeux d’adultes. «Plutôt que preserver une posture rassurante de gardien du temple, nous pourrions réfléchir à ce que les jeunes mais aussi les moins jeunes vont chercher a travers ces nouvelles forme de conversations, observe Guillaume Gillet, psychologue clinicien. C’est la seule façon d'éviter qu'un trop grand écart se creuse entre les utilisations réelles qu’en font les jeunes et les utilisations que supposent les adultes.»
Et en se penchant un peu plus, «on se rend compte alors que tout n’est pas nouveau dans les moyens actuellement utilisés par les jeunes pour converser, poursuit Guillaume Gillet. On retrouve des choses qui ressemblent à toutes formes de communication et de conversations telles qu’on a pu les développer depuis très longtemps.»
Surtout, tout n’est pas à jeter. «Tenez, les émoticônes, prend pour exemple Guillaume Villemot. Les derniers sortis sont très intéressants. Les jeunes sont en train d’inventer une nouvelle façon de dialoguer, de faire passer des émotions par le texte écrit. Et les adultes les copient peu à peu.»
«Tout dépend de l’intensité qu’on y met»
Ce n’est peut-être pas tant alors une question de supports, mais de la façon dont on les utilise et l’intensité qu’on y met. «Si on est pleinement concentré sur la conversation dans laquelle on est engagé, si on ne fait pas autre chose à côté, alors une conversation même par écrans interposés peut être efficace», juge Guillaume Villemot.
Alexandre Jardin, lui, est plus pessimiste: «Les plus belles conversations sont celles qu’on a de visu». Voilà le débat lancé. Mercredi, à Asnières, tout le monde pourra apporter son grain de sel à la conversation. Le reste du programme de ces trois jours de festival, qui passera par le Musée de l’histoire et de l’immigration et la Gaîté Lyrique, est à retrouver sur Festivaldesconversations.org.