Hyper casher: «Cela a presque été facile de rouvrir nos portes»
TERRORISME•L’hypercasher, lieu de la prise d'otage meurtrière par Amedy Coulibaly le 9 janvier dernier a rouvert ses portes ce dimanche. Une étape importante vers un retour à la normale ?...Fabrice Pouliquen
«Même pas peur, barbares », est-il écrit en lettres capitales sur la pancarte. Dans le fond apparaît la nouvelle enseigne du supermaché Hypercasher de l’avenue de la Porte de Vincennes. Ici-même où Amedy Coulibaly semait la terreur le 9 janvier dernier. Mais ce dimanche, les portes du magasin rouvrent pour la première fois après deux mois de fermeture, donnant un peu plus de poids encore aux pancartes appelant tout le monde à relever la tête après la prise d’otage qui a fait quatre morts dans ce magasin.
«Un grand moment»
«C’est un grand moment, lance, les yeux rougis, Laurent Mimoun, membre de la direction du groupe Hypercasher devant le supermarché d’où entrent et sortent régulièrement les clients ce dimanche. «Les deux derniers mois ont été très difficiles, poursuit-il. Il a fallu garder le moral. Pourtant, il y a eu une telle énergie, un tel courage autour de nous, que j’ai presque envie de dire que cette réouverture a été facile.» Le magasin ouvre ses portes jusqu’à 19h ce dimanche. «Comme avant», précise-t-on dans le magasin.
Mais les habitudes ne reviennent pas d’emblée. «Même si les caisses sont toujours à l’entrée et les produits frais dans le fond du magasin», lance dans un sourire Yoni Zerbib, client habitué de l’hypercasher qui était à proximité du magasin quelques heures avant l’attaque le 9 janvier. «L’équipe des onze employés a aussi intégralement changé », précise Laurent Mimoun.
«C’est bizarre»
Surtout, en ce jour de réouverture, tout ramène encore au 9 janvier. La présence policière, les barrières et les bouquets de fleurs à leurs pieds, les pancartes, les caméras de télévision et même Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, venu en visite ce dimanche matin… «C’est bizarre», note du coup Candice Azoulay, elle aussi dans les clients habituels du magasin venu ce dimanche. «Mais ça fait du bien de revenir, ajoute-t-elle. Il y a un joli élan de solidarité. J’aurai sans doute peur dans les jours à venir, mais cela ne m’empêchera pas de revenir ici faire mes courses.» «Bizarre», c’est aussi le terme employé par Yoni Zerbib : «Les sentiments se mêlent. On est fier que le magasin ouvre, mais triste aussi. Les familles des victimes n’ont pas fini leur deuil.»
«Il faut continuer à vivre», estime pour sa part Eve, qui tient un restaurant dans le quartier. Au marché juste en face, les commerçants ambulants saluent également la réouverture comme une bonne nouvelle. «Les gens reviennent, se félicite Franck, qui vend des pantalons. Le quartier retourne peu à peu à la normale.»