Paris: Au bout du champ met des légumes dans le distributeur
CONSOMMATION•Pour manger local, il y a les Amap et les «Ruches qui dit oui» désormais bien connues. Mais à Levallois et dans le 17e, Au bout du champ développe une troisième voie…Fabrice Pouliquen
On rentre Au bout du champ comme dans un hall d'immeuble. Dans la boutique de la rue des Dames (17e), il n'y a pas de comptoir et parfois pas de vendeur pour vous accueillir. Juste une succession de casiers aux allures de boîtes aux lettres. Il y en a 150 pour être précis. A l'intérieur? Parfois un sac de pommes, parfois un panier de légumes, parfois juste une salade, quand ce n'est pas du jus de pommes.
«Comme un distributeur de sodas ou de sucreries»
«Ensuite, cela fonctionne comme pour un distributeur de sodas ou de sucreries, indique Joseph Petit. Il suffit de sélectionner le numéro de casier choisi sur la borne, payer, et le casier s'ouvre.» C'est ce trentenaire parisien qui a lancé Au Bout du champ avec un ami. «L'idée nous est venue en passant devant une exploitation agricole à Mandres-les-Roses (Val-de-Marne), explique Joseph Petit. Au bout de son champ, l'agriculteur avait mis en place un système de casiers où les locaux pouvaient lui acheter directement sa production. Nous avons exporté ce concept en plein Paris.»
La première boutique a vu le jour à Levallois-Perret en juillet 2013 et une seconde un an plus tard rue des Dames. Les deux boutiques comptent 240 casiers que Joseph Petit et ses deux salariés ravitaillent chaque jour en fruits et légumes frais: «Nous travaillons avec cinq petits producteurs, tous dans un rayon de 100 km de Paris».
«Sortir le manger local du militantisme»
Dans les petits papiers d'Au bout du champ, il y a notamment Angel Moioli, «l'un des derniers champignonnistes de Paris». Mais aussi un producteur de fruits rouges, un autre spécialisé dans les œufs et les lentilles, un autre encore qui fait des pommes, des poires et des cerises, et un dernier qui fait des produits transformés, des confitures, des jus et des soupes notamment. Suivant le contenu, le casier peut varier d’1,20 euros, «pour une salade par exemple», à 10-12 euros «pour un panier de légumes qui vous permettra de faire un repas».
Le concept n'est pas si éloigné des «Amap» et de «La Ruche qui dit oui» qui promeuvent les circuits courts en faisant venir des produits de la ferme à des consommateurs citadins. «Nous travaillons les mêmes produits, confirme Joseph Petit. Mais nous essayons de réduire encore un peu plus les contraintes à acheter local et de sortir ce mode de consommation du militantisme.» Il n’est ainsi pas besoin de s’inscrire au préalable sur Internet pour acheter à Au bout du champ, ni de s’engager à prendre un panier toutes les semaines ou à venir chercher à une date précise. «Nous sommes ouverts sept jours sur sept de 8h à 22h, poursuit Joseph Petit. Les clients peuvent soit passer sur ces créneaux et acheter un panier présent dans un casier, soit composer eux-mêmes leur panier en passant commande sur Internet la veille pour le lendemain.»
Quatre ouvertures en 2015
Satisfait de ses débuts, Au bout du Champ voit plus grand en 2015 et projette d’ouvrir quatre nouveaux points de vente. «Deux au printemps et deux à la fin de l'été, détaille Joseph Petit. Il y en aura sans doute un à Levallois-Perret et les trois autres à Paris, a priori dans le 17e arrondissement. Pour des questions de logistique, l’idée est de rester assez proche de nos magasins existants et d’étendre peu à peu notre réseau.» Pourquoi pas un jour à tout Paris...