Seine-Saint Denis: Najat Vallaud-Belkacem à la rescousse face à la colère des enseignants
EDUCATION•La ministre de l'Éducation nationale a annoncé, ce mercredi, des mesures «singulières» pour la Seine-Saint-Denis...M.G. avec AFP
Des profs en plus mais surtout un effort pour les recruter et les garder: la ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem a annoncé mercredi des mesures «singulières» pour la Seine-Saint-Denis, sans toutefois convaincre les syndicats.
Professeurs non-remplacés, postes vacants, recours à des centaines de contractuels, parents d'élèves qui alertent sur la «discrimination scolaire», la Seine-Saint-Denis, qui accueille à chaque rentrée 2.000 nouveaux élèves, cumule les difficultés. Il y avait urgence à agir selon la ministre, alors que la contestation a pris plus d'ampleur que lors des rentrées précédentes, et qu'une grève est prévue ce jeudi.
Plan triennal pour «stabiliser» le département
En déplacement dans une école primaire à Bondy, elle a annoncé un plan triennal en neuf mesures pour «stabiliser» ce département, qui compte 300.000 élèves et 20.000 enseignants. «Les difficultés sont connues», a affirmé Najat Vallaud-Balkacem. «J'ai entendu l'appel des parents, les besoins ici sont singuliers. On ne peut pas traiter les territoires de façon indistincte et indifférenciée, il faut adapter les réponses».
Outre la promesse de 500 nouveaux postes dans le primaire d'ici 2017, la ministre a annoncé une «vraie politique en matière de ressources humaines». Car ce ne sont pas les postes qui manquent dans le 93, mais plutôt les volontaires.
Un concours spécifique pour permettre à davantage de candidats de rejoindre la Seine-Saint-Denis sera créé. Doté de 500 places, ce concours exceptionnel pour l'académie de Créteil, dont dépend la Seine-Saint-Denis, visera à attirer des candidats qui ont le niveau mais n'ont pas réussi le concours dans d'autres académies plus recherchées.
La question des contractuelles
Autre mesure dérogatoire, il sera proposé aux étudiants de l'École supérieure du professorat et de l'éducation (Espé) de Créteil d'étudier en alternance, leur permettant d'enseigner à temps partiel dès la première année de Master et de percevoir une rémunération équivalente au Smic.
La question des contractuels, ces personnes qui pour certaines ne se destinent pas à l'enseignement et sont parfois recrutées par l'intermédiaire de Pôle Emploi, a aussi cristallisé la contestation cette année. A la rentrée 2014, 340 contractuels, dont un grand nombre a connu des difficultés pour être payé, ont été recrutés dans le premier degré.
Pour eux, une «meilleure formation», avant la rentrée et tout au long de l'année, et un accompagnement personnalisé avec un tuteur seront proposés. Ceux qui le souhaitent pourront accéder à partir de 2016 à un concours pour devenir titulaires.
Des syndicats pas convaincus
En pleine réforme contestée de l'éducation prioritaire, Najat Vallaud Belkacem a annoncé le «renforcement» de ce dispositif dans le 93 avec 13 nouveaux réseaux d'éducation prioritaire (REP et REP+), soit un total de 78. L'académie de Créteil bénéficiera de 600.000 euros supplémentaires pour renforcer ses services administratifs.
Ces annonces n'ont pas convaincu les syndicats d'enseignants, qui appellent à une grève jeudi. Saluant les «mesures pour améliorer les recrutements», Rachel Schneider du SNUipp-FSU 93, premier syndicat du primaire, a toutefois déploré l'absence de «mesures salariales», ou d'avancées sur la retraite et la mobilité.
Frédérique Rolet, cosecrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, a qualifié les annonces de «peu claires et insuffisantes», et estimé que «les remplacements non assurés et la rotation importante» méritaient «de réfléchir sur les conditions de travail» en Seine-Saint-Denis.
«Arrêter de discriminer la Seine-Saint-Denis»
«Il ne suffira pas d'améliorer le recrutement des professeurs pour éradiquer une partie des causes des difficultés scolaires que rencontre un nombre important d'enfants et de jeunes de ce département», a pour sa part indiqué SE-UNSA, se réjouissant néanmoins de «l'accompagnement des contractuels» et «des jeunes en formation».
Pour la FCPE, il s'agissait avant tout de mettre en place «un plan de rattrapage pour les enseignants». «Il faut arrêter de discriminer la Seine-Saint-Denis, les choses sont en train de changer», a estimé Rodrigo Arenas, président de la première fédération de parents d'élèves dans le département.