LOGEMENTHabitat Participatif: Et si c'était l'habitat de demain?

Habitat Participatif: Et si c'était l'habitat de demain?

LOGEMENTL'appel a projet s'est terminé le 7 novembre. Pour trois parcelles de terrains consacrés à l'habitat participatif, Paris a recueilli 30 candidatures. Pourquoi l'habitat participatif attire?...
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

Il y avait eu une première vague dans les années 1980. Puis plus rien ou presque. Mais ces dernières années, l’habitat participatif a repris sa marche en avant. Ce jeudi, la Maison d’architecture d'Ile-de-France ouvre même trois jours de débats et d'ateliers consacrés à cette nouvelle voie d'accès à la propriété (le programme ici). Avant d’y aller, 20 Minutes vous propose de faire le point.

C’est quoi un habitat participatif?

Si on ne s’intéresse qu’aux murs, il n’y a rien qui caractérise un habitat participatif. Coop Coteau, à Ivry-sur-Seine, Unisson ou Couleur d’Orange à Montreuil, Le Grand Portail à Nanterre, le Lavoir du Buisson Saint-Louis à Bellevillle, ont tous leurs particularités architecturales…

Mais la démarche est la même. Des habitants se constituent en collectif pour construire leurs logements autour de valeurs communes: la solidarité, la mixité sociale, l’écologie, l’envie d’être acteur de la construction de son logement… «Ces projets imaginent aussi des espaces collectifs parfois ouverts au quartier, précise Léo Garros, architecte à l’Atelier 15. Une buanderie, une chambre d’amis, une salle de réunion…»

>> Au Buisson Saint-Louis, l'habitat participatif fête ses 30 ans

Pourquoi l’habitant collectif est-il en vogue?

«Désormais, au moins un projet est finalisé chaque année», observe Hervé Saillet, directeur de CUADD Conseil, bureau d’étude qui accompagne des projets d’habitat participatif. Pas si mal au regard de la complexité des projets.

Fuir les logements standardisés est bien souvent la première raison avancée par les collectifs créés. «En 2010, 60% des logements collectifs réalisés étaient des produits défiscalisés, précise Léo Garros. On ne construit donc plus pour habiter mais pour constituer de la rente. L’habitat participatif promeut l'inverse.» Le coût de construction est aussi souvent plus faible. «On économise la marge du promoteur immobilier», rappelle Hervé Saillet.

L’habitat participatif est-il la coproprio de demain?

«Ce n’est encore qu’une goutte d’eau», reconnaît Jean-Michel Daquin. Mais le président de l’ordre des architectes d’Île-de-France ne désespère pas de voir un jour l’habitat participatif représenter 10 à 12% des logements collectifs privés construits chaque année dans la région. «Mais pour y arriver, l’habitat participatif a besoin d’un vrai statut juridique et d’outils pour se développer. Un article de la loi Alur le prévoyait, mais il n’a toujours pas été validé.»

En attendant, le coup de pouce vient de communes franciliennes, de plus en plus nombreuses à réserver des terrains à l’habitat participatif. Même Paris s'y met (lire encadré).C’est le cas à Paris. La ville a lancé au printemps un appel à projet pour trois parcelles dans les 19e et 20e arrondissements. «Trente collectifs d'habitants se sont créés pour se porter candidat et les réunions ont à chaque fois fait le plein, note Ian Brossat, adjoint PCF d’Anne Hidalgo en charge du logement. Vu l'engouement, d'autres parcelles devraient être réservées à l'avenir à l'habitat participatif. L'idée est à l'étude pour le futur écoquartier Saint-Vincent-de-Paul.»

Est-ce facile de faire aboutir un projet d’habitat participatif?

Le terrain, les statuts, le budget, les plans, les espaces collectifs… Les embûches sont multiples et peuvent rapidement faire imploser un collectif. «Les projets s’étalent sur des durées très variables, raconte Léo Garros. Pour Coop Coteau, à Ivry, cela a pris dix ans par exemple.» Hervé Saillet conseille toujours au collectif de se constituer «une réserve de familles potentiellement intéressées pour pallier les forfaits».

L'habitat participatif, moins gourmand en espace?

C’est peut-être sur ce point que l’habitat participatif peut tirer son épingle du jeu et grignoter des pourcentages dans le nombre de logements collectifs privés créés chaque année en Île-de-France. «De nombreuses parcelles sont délaissées par les promoteurs immobiliers car jugées trop petites pour assurer une rentabilité économique, explique Jean-Michel Daquin. Ceci y comprit en Île-de-France. En revanche, elles peuvent accueillir des projets d’habitats participatifs, plus flexibles.»