Paris: Les élus vont-ils tirer une croix sur la Tour Triangle?
URBANISME•Tout comprendre à la polémique sur la Tour Triangle...Oihana Gabriel
La Tour Triangle sera-t-elle enterrée au prochain Conseil de Paris? Retour sur l’histoire de cette tour de bureaux de la porte de Versailles (15e) au cœur d’une polémique cette semaine.
C’est quoi la Tour Triangle?
Une tour de bureaux, dessinée par Jacques Herzog et Pierre de Meuron, de 43 étages et 180 mètres de haut au niveau du Parc des Exposition porte de Versailles (15e). L’édifice de verre de forme triangulaire sera, s’il voit le jour, le premier bâtiment de grande hauteur à émerger à Paris depuis la Tour Montparnasse, qui date de 1972. Au-delà des 85.000 m2 dédiés aux bureaux, la Tour Triangle comportera un restaurant panoramique, une crèche, un jardin, un centre de conférence et des commerces au premier étage.
Pourquoi ce projet est-il remis en cause?
Victime d’une forte opposition des riverains depuis des années, le chantier qui devait débuter dès 2013 et s’achever en 2018, pourrait avorter. Au prochain Conseil de Paris, une délibération concernant le déclassement de la parcelle sur laquelle est prévue la tour Triangle, sera soumise au vote. Or les Verts, depuis toujours opposés à ce projet à leurs yeux anti-écologique, vont voter contre, au risque de crisper l’exécutif dont ils font partie. Dans un communiqué ce jeudi après-midi, le groupe écologiste souligne que «construire une tour de bureaux à l’heure où la priorité doit être donnée au logement et alors que le foncier est rare à Paris est une aberration. Les Parisien-ne-s souhaitent avant tout des logements, des espaces verts et des espaces de respiration.» Mais ce qui est nouveau, c’est qu’une partie de la droite s’oppose à ce projet.
L’UMP tape sur le projet
Lundi, l'ensemble des maires UMP de la capitale se sont accordés, au cours d'une réunion lundi matin, pour voter contre la construction de la Tour Triangle, à l'exception de Rachida Dati qui n'était pas présente. «A la lumière de ces éléments, la Tour Triangle s'apparente de plus en plus à un gâchis urbanistique cautionné par l'ancienne adjointe à l'urbanisme plutôt qu'à un projet sensé et cohérent qui profiterait à l'ensemble des Parisiens», ajoute l'UMP. «Pour la majorité municipale, la priorité n'est manifestement pas le bon sens, mais le béton», a taclé l’UMP. Les centristes, de leur côté, doivent rendre leur décision ce jeudi.
Trop de bureaux à Paris?
Parmi les arguments des opposants à ce projet, la question des immeubles de bureaux vacants revient souvent. Et un rapport de l'Observatoire régional de l'immobilier d'entreprise en Ile-de-France publié ce mercredi va dans ce sens. En effet, l’ORIE constate que les bureaux vides et obsolètes s'accumulent en Ile-de-France, qui compte 3,3 millions de m2 vacants au 2e trimestre, soit 15% de surfaces inoccupées supplémentaires en deux ans.
La défense de la Mairie de Paris
De la «politique politicienne», accuse Jean-Louis Missika, adjoint chargé de l’urbanisme, a défendu lundi dernier le projet de la Mairie de Paris. «La balle est dans le camp de la droite. Elle est à contre-emploi en s'opposant au projet (...) Est-ce qu'une posture de campagne peut tenir face à un investissement de 550 millions d'euros?», a plaidé l’adjoint. Inquiète de voir le projet capoter, la maire de Paris s’est fendue d’un communiqué ce jeudi matin, soulignant que «ce projet est non seulement écologique, dense, mixte, contemporain, mais il bénéficie aussi d’une architecture remarquable, celle de Jacques Herzog et Pierre de Meuron, Prix Pritzker. En offrant 85.000 m2 de bureaux adaptés aux exigences de l’économie du 21e siècle, Triangle permettra à Paris de renforcer sa place dans la compétition internationale pour accueillir des grandes entreprises, des sièges sociaux et des entrepreneurs.»
Patrons et Fédération française du bâtiment à la rescousse du projet
«Paris a besoin de pôles économiques forts. La Tour Triangle en crée un», affirme le Medef parisien dans un communiqué. Selon l'organisation patronale, «Paris manque de m² de bureaux disponibles (…) avec une tension toute particulière sur les immeubles « business compatibles », c'est-à-dire adaptés aux entreprises d'aujourd'hui et aux nouveaux modes de travail». De son côté, la FFB du Grand Paris estime que «cet investissement de 300 millions d'euros générera 3.000 emplois au profit des artisans et des entreprises du bâtiment et plusieurs milliers d'emplois indirects».