Impression 3D: Trois Parisiens inventent la machine à tatouer
INVENTION•Chirurgie, industrie de pointe, habillement… Les perspectives de l’imprimante 3D sont multiples et pourraient révolutionner le métier de tatoueur…Fabrice Pouliquen
Pour l'instant, ils sont dans un coin à l'opposé de l'entrée. Mais mine de rien, Piotr Widelk, Pierre Emm et Johan Da Silveira, étudiants à l’ENSCI (Ecole nationale supérieure de création industrielle) ont déjà leur place à l'Autodesk Gallery. L'exposition a pris ses quartiers à la galerie Nikki Diana Marquardt, 10 rue de Turenne (3e) jusqu'au 23 octobre et donne quelques exemples de ce qu'on fait déjà et de ce qu'on pourra faire un jour avec les imprimantes 3D.
L’idée est venue sur un vélo
C'est une première délocalisation de l'exposition permanente qu'Autodesk, société californienne d'édition de logiciels, tient à San Francisco et qui a attiré 240.000 visiteurs depuis 2008. A la galerie Marquardt, quelques exemples seulement sont réunis. Dont «Le tatoué», l'imprimante 3D de Pierre, Johan et Piotr.
Quand d'autres pensent à l'impression 3D pour créer une robe, nourrir des astronautes ou révolutionner la chirurgie, les trois futurs designers parisiens, eux, ont imaginé un nouvel outil pour les tatoueurs. «L'idée est venue sur un vélo en allant à l'école, en sourit encore Pierre Emm. C’était en octobre dernier, nous nous rendions à un un atelier de travail avec pour consigne de réfléchir à des mixes possibles de technologies. L’ENSCI venait d’acquérir des imprimantes de 3D et nous étions tous trois fans de tatouage...»
La machine a tatoué à deux reprises
Pas besoin de chercher plus loin. Leur idée attise rapidement les curiosités et pousse le trio à développer le projet sur leur temps personnel. Un an plus tard, l’imprimante 3D à tatouer existe bel et bien. «Elle comprend un logiciel de modélisation 3D qui permet de concevoir son tatouage sur écran, décrit Piotr. Il suffit ensuite de valider le dessin pour lancer l’imprimante juste à-côté.» L’imprimante en question ? Un dermographe qui se déplace sur commande le long d’un axe. La machine existe sous sa deuxième version et elle a déjà tatoué. «A deux reprises, précise Pierre. Un ami qui avait accepté de jouer le cobaye.»
D'autres vidéos sur leur site internet : www.appropriateaudiences.net
«Pas là pour remplacer le tatoueur»
Voilà, les tatoueurs n’ont plus qu’à fermer boutique, la machine est en passe de les remplacer… «Surtout pas», rectifient les trois Parisiens. «Notre machine s’accomplira de certains dessins 1.000 fois mieux que la main d’un tatoueur, indique Piotr. Mais l’inverse est tout aussi vrai. L’imprimante peut être très efficace sur des motifs demandant une grande précision, une forte régularité ou la répétition d’un même geste sur une période longue. Dans ces cas précis, le tatoueur aura intérêt à déléguer»
«L’idée est aussi d’ouvrir la profession à ceux qui n’ont pas forcément la dextérité manuelle qu’exige le métier aujourd’hui mais qui ont pour autant de vraies compétences artistiques dans l’imagination de motifs», complète Pierre.
En démonstration ce jeudi soir
La commercialisation n’est pas pour tout de suite. Le trio veut d’abord prendre le temps de rencontrer plus de tatoueurs pour peaufiner leur imprimante à leurs besoins. La version actuelle permet de ne tatouer que les bras ou les jambes. «Nous travaillons à la troisième version qui permettra de travailler sur toutes les parties du corps», annonce Pierre. En attendant les invitations à des démonstrations se multiplient. Ce jeudi, de 19h à 22h, vous les trouverez en pleine action au studio Maker-sur-Seine, 20 rue Geoffroy L’Asnier (4e), à l’occasion du vernissage de l’expostion «Be my designer toys».