Budget participatif: Nouvelle ère pour les kiosques à musique parisiens
PATRIMOINE•Sous-utilisés, les 33 kiosques à musique parisiens pourraient profiter du premier budget participatif lancé ce mercredi par la ville pour se faire une beauté...Fabrice Pouliquen
«Ce qu'on peut rigoler / Par les beaux soirs d'été / Sous le kiosque à musique…», chantait Georges Brassens. Pas sûr que le poète fredonnerait ces paroles aujourd’hui. Les kiosques sont pourtant toujours là. Paris en compte 33 répartis dans les squares, les parcs et les jardins. Mais on passe souvent devant sans les remarquer et les notes de musique s’y font rares. L’âge d’or est passé.
Abandonnés aux pigeons
Ces 33 kiosques ont été construits entre 1890 et 1920 et ont joué un rôle important dans la démocratisation de la musique à Paris. «Aujourd’hui, ils sont clairement sous-utilisés, déplore Frantz Steinbach, co-fondateur du festival Kiosquorama dont la sixième édition se déroule jusqu’au 4 octobre. Une bonne partie est squattée, abandonnée aux pigeons ou ne répond plus aux normes de sécurité.»
Mais la reconquête est en voie d’être lancée. La mairie de Paris inaugure ce mercredi son premier budget participatif et invite les Parisiens à voter pendant une semaine pour les projets qu’ils aimeraient voir réaliser au plus vite. Dans la liste des quinze projets retenus figure justement la rénovation de ces 33 kiosques.
Surfer sur la mode des rooftop ?
D’une certaine façon, la réhabilitation a commencé et Kiosquorama n’y est pas étranger. Le festival programme chaque fin d’été des concerts et des expositions d’arts contemporains dans les kiosques de la capitale. «On a commencé en 2008 avec six concerts répartis sur trois kiosques, se rappelle Frantz Steinbach. Cette année, nous proposons 46 concerts sur 12 dates et dans 12 kiosques. Pour la première fois même, le festival s’exporte à l’étranger avec des concerts à Bruxelles et Lisbonne.»
Le co-directeur de Kiosquorama observe une nette progression de la fréquentation depuis deux ans, avec notamment 17.000 spectateurs accueillis en 2013. «C’est sans doute à mettre en lien avec l'essor des rooftop (les toits terrasses, ndlr) et le retour des guinguettes, estime-t-il. On prend peu à peu conscience qu’il est aussi possible de prendre du bon temps en extérieur de Paris.»
Surtout, à l’heure où les salles et gymnases manquent aux associations socio-culturelles, les kiosques et leurs 50m² de moyenne peuvent se révéler une alternative précieuse. Forro-en-Seine, qui réunit les passionnés de Forro, une danse traditionnelle brésilienne, ne s’est pas fait prier. Elle se réunit chaque semaine dans les kiosques de la capitale pour répéter et y organiser des bals. «C’est l’endroit parfait, note Filipe de Frias, le président de l’association. Les kiosques sont gratuits, abrités de la pluie, électrifiés pour certains. C’est aussi une vitrine parfaite pour nous faire connaître des Parisiens.»
Un projet à 3,7 millions d’euros
Il ne manque plus que le coup de pinceau donc. Enfin un peu plus tout de même, précise Pénélope Komitès, adjointe au maire en charge des espaces verts. «Le budget est de 3,7 millions d’euros et les 33 kiosques en bénéficieront. Certains nécessiteront une rénovation complète. Pour d’autres, il s’agira seulement d’une mise aux normes du réseau d’électricité. L’idée sera ensuite d’ouvrir un peu plus encore ces lieux à des activités en tout genre. A du théâtre, des pratiques sportives, des jeux pour enfants, des spectacles de marionnettes, du cinéma en plein air…»
Et si les Parisiens ne votent pas pour ce projet? «La rénovation des kiosques restera sur ma feuille de route», répond Pénélope Komitès. Mais il faudra trouver un autre moyen de la financer.