Paris: Un centre de santé pour homosexuels menacé de fermeture
SANTE•Face à des difficultés financières, ce centre qui traite chaque année 2.000 patients majoritairement homosexuels, a lancé un appel aux dons…Oihana Gabriel
L’appel à l’aide semble fonctionner. «Le 190», centre de santé sexuelle parisien est aux abois. Cette structure située dans le 20e arrondissement de Paris est l’unique centre français de prévention du VIH et des autres maladies sexuellement transmissibles qui s’adresse spécifiquement aux hommes homosexuels. «On fait face à des difficultés historiques pour deux raisons: nos subventions sont insuffisantes et nous devons déménager et mener des travaux très coûteux», explique Franck Desbordes, président de l’association «Le 190». Ce centre, qui traite 2.000 patients chaque année, a donc lancé il y a quelques jours un appel aux dons sur son site, mais surtout une sollicitation aux institutions pour obtenir davantage de moyens et un soutien plus régulier.
«Assurer un avenir au 190»
Un appel qui a semble-t-il fait bouger la Mairie de Paris. «La Ville a passé une convention sur trois ans pour donner de la régularité à cette structure qui rend de vrais services en matière de lutte contre le sida et les IST, plaide Bernard Jomier, adjoint écologiste à la maire de Paris en charge de la Santé. La subvention, qui doit être votée lors du Conseil de Paris d’octobre, restera la même à l’avenir pour la période de 2014 à 2016, dans un contexte où les financements sont en baisse.»
Quant au local, la situation semble également s’améliorer. «Nous avons contacté le propriétaire, qui a accepté de prolonger le bail pour trois ou six mois, assure Bernard Jomier. Avant le printemps, le centre se verra proposer de nouveau locaux à Paris sans surcoût. On va se concerter avec les autres partenaires pour assurer un avenir au 190. Le problème du sida n’est pas épuisé à Paris. Et on prendra les mesures nécessaires pour que le personnel dépense son énergie à soigner plus qu’à monter des dossiers… S’il faut faire un effort financier, on le fera», promet l’adjoint.
Un manque de financeurs
«C’est un vrai bol d’air, confirme de son côté Franck Desbordes, le président en charge de la structure. Cette année, on touchera notre subvention de 27.000 euros. C’est un soulagement, mais c’est insuffisant. Mais ce qui est surprenant, c’est que nous comptons peu de financeurs.»
Pour François Berdougo, porte-parole de l’Inter-LGBT en charge de la santé, c’est la population ciblée par ces soins qui semble freiner les financeurs. « Globalement cette initiative lancée il y a quatre ans n’a pas reçu un très grand intérêt de la part des institutions de santé. En France, la peur du communautarisme suscite des réticences quand il s’agit de mettre en place des dispositifs ciblés. Or nous avons besoin en France que se développe, et donc soit soutenu, une offre de santé en direction des gays, lesbiennes, bi et trans. Les difficultés du 190 illustrent les complications au niveau national que rencontrent les structures qui aident ces populations.»
Une réunion à la Mairie de Paris ce mercredi, une autre à la région jeudi, le président travaille d’arrache-pied pour sauver cette structure. « Ça avance, mais rien n’est gagné, nuance le président du «190». Le 29 septembre, je dois présenter des engagements à l’assemblée générale. A cette heure, il n’y a pas un euro de plus dans les caisses.»