Démasquez Paris: Des enquêtes policières pour (re)découvrir la capitale
TOURISME•Arpenter les rues de la capitale en jouant les apprentis Sherlock Holmes, c’est ce que propose chaque jour de l’été Démasquez Paris. Deuxième volet de notre série pour découvrir Paris autrement…Fabrice Pouliquen
Tout part d’un rendez-vous obscur au sous-sol d’une agence immobilière de la rue des Fontaines du Temple. «Il y avait là Tony Truand, Charles Latan, Sophie Stickay et Jean Tourloupe, le directeur de l’agence, commence Rozenn, son assistante. J’ai rapidement entendu des éclats de voix, des bruits de chute et trois minutes plus tard, la police entrait dans l’agence. Les quatre personnes ont été coffrées et je ne sais qu’une chose, c’est qu’il est question de diamants volés.»
«Une enquête, c’est six mois de préparation»
C’est là que Rozenn a besoin de vous! Malgré la pluie ce vendredi-là, une dizaine de Sherlock Holmes en herbe se sont lancés dans les rues de Paris à la recherche du voleur de diamants. «Et, l’été, il y a des départs tous les week-ends et plusieurs jours de la semaine», précise Guillaume Najoud, le fondateur de ces jeux de piste grandeur nature réunis sous l’appellation Démasquez Paris.
Deux enquêtes sont au programme cet été: L’Affaire du diamant et Enquête d’outre-tombe. Ça peut paraître peu, «mais chaque jeu de piste représente six mois de travail, explique Guillaume Najoud. La préparation de l’itinéraire demande beaucoup de minutie. Il faut aussi vérifier tous les faits historiques, peaufiner l’intrigue…»
L’Affaire du diamant vous fera promener dans tout le troisième arrondissement. Les plus doués bouclent l’enquête en 1h30 généralement. Emma et Daphnée, respectivement étudiantes en tourisme et en histoire de l’art, n’en étaient pas loin. Le duo a dû se creuser les méninges et sortir loupe, miroir et jumelles pour venir à bout des indices. «Certains ont été plus durs que d’autres», admettent Daphnée et Emma, qui ont perdu plusieurs secondes à déchiffrer à l’envers un vitrail, à trouver «la rue qui vous apostrophe».
«Devenir spectateur»
Au final, le duo termine premier des cinq équipes engagées ce jour-là. «Et contentes de notre après-midi, précise Daphnée. Au-delà de l’enquête, on a découvert plein de choses qu’on ne connaissait pas sur Paris. Le passage des Gravilliers par exemple et sa rigole pour évacuer l’eau.» Ou encore les jardins des Archives nationales dans lesquels Emma n’était encore jamais passée.
C’est tout le but du jeu: faire du tourisme autrement. Dans le jargon, il y a même un mot pour ça: «spectacteur, lance Guillaume Najoud. C’est la possibilité offerte au touriste d’être promoteur de sa visite.» Toute l’enquête repose sur l’observation des monuments rencontrés sur l’itinéraire et le roadbook donné au départ aux équipes qui contient des descriptifs historiques à chaque page. «Aux participants d’en faire ce qu’ils veulent, reprend Guillaume Najoud. Soit ils font l’enquête en mode sportif, en hâtant le pas entre chaque indice. Soit ils font des haltes, prennent le temps de faire les photos, de creuser un peu l’histoire des monuments…»
60 % d’enquêteurs parisiens
A Démasquez Paris, c’est tout de même la première option qui est la plus souvent prise. Rapport sans doute au profil des participants. «Nous touchons assez peu les touristes étrangers, observe Guillaume Najoud. Eux bien souvent se concentrent sur les grands classiques: la tour Eiffel, le Louvre… Nous, nous faisons plutôt découvrir des endroits méconnus. Si 60 % de nos enquêteurs sont parisiens, le reste est constitué d’étrangers qui viennent au moins à Paris pour la seconde fois.»
Guillaume Najoud semble avoir trouvé une niche et revendique 7.000 participants chaque année sur les jeux de pistes Démasquez Paris. Et ce ne sont pas les seules enquêtes grandeur nature qu’il a mises sur pied. Son entreprise Pister démasquez est aussi derrière «Qui veut pister», une autre entreprise qui organise chaque week-end des enquêtes à résoudre à Lyon, Bordeaux, Genève… Et même Bruxelles depuis mi-juillet.