Rythmes scolaires: La fronde d'une trentaine de maires ne prend pas de vacances
EDUCATION•En Essonne, ces maires assurent toujours qu’ils n’ont pas les moyens d’appliquer la réforme, même assouplie…Oihana Gabriel
Ils promettent une rentrée chaotique. Alors que toutes les écoles de France doivent adopter la semaine de quatre jours et demi à la rentrée, une trentaine de maires d’Essonne ont annoncé, ce vendredi, qu’ils n’ouvriront pas leurs établissements mercredi 3 septembre. «Les choses sont en train de se crisper», assure Christian Schoettl (Nouveau Centre), maire de Janvry très opposé à la réforme. Pourquoi Belle-Ile et la Guyane ont droit de ne pas la mettre en place et pas nous? Les problèmes de transports, de cantine, nous les avons tous.»
>> Que risquent les maires récalcitrants?
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République), maire d’Hyères, ainsi que 31 maires de droite, du centre ou non encartés de l’Essonne et du Val-de-Marne, ont demandé un report pour les communes qui ne sont pas prêtes. «Ce n’est pas dans un esprit partisan, mais dans l’intérêt de la population, promet le fondateur de Debout la République. Nous ne voulons pas confier nos enfants à des animateurs pas formés. Comment voulez-vous que je recrute 150 animateurs pour trois quarts d’heures par jour d’ici la rentrée?».
Lui, explique cette levée de boucliers en Essonne parce qu’il y a beaucoup de communes rurales. «Mais aussi beaucoup de parents qui ne travaillaient pas le mercredi pour éviter les transports et s’occuper des enfants.» Autour de lui, une quinzaine de maires, notamment de petites communes rurales énumèrent les difficultés: manque d’animateurs, de locaux, de budget. Des problématiques que beaucoup de villes ont pointées. Car la grogne ne se limite par à l’Essonne.
«Des solutions émergent»
«Il y a déjà 4.000 communes qui ont mis en route la réforme cette année dont des communes rurales, notamment dans le Gers et l’Ariège, répond le ministère de l’Education. Avec de la bonne volonté et un travail pour mutualiser les compétences, des solutions émergent. Nous comprenons que cette réforme puisse causer pour les parents une modification d’organisation. Mais on voit en un an des bénéfices se dégager dans l’apprentissage des enfants.»
Jean Perthuis, maire de Valpuiseaux, se désespère pourtant: «Je suis maire depuis 37 ans et c’est la première fois que je ne trouve pas de solution». «Ce n’est pas qu’on ne veut pas mais on ne peut pas», promet Germain Dupont, adjoint au maire de Tigery. Ou alors on fait payer les familles mais ce serait rentrer dans des inégalités et injustices.» Une autre édile caricature les activités: «on va apprendre aux élèves à monter et descendre dans un bus pendant trois quarts d’heure». Et les maires d’agiter le chiffon rouge du privé qui gonfle ses effectifs.
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Un fonds insuffisant?
Sur la question budgétaire, primordiale, ces maires récalcitrants insistent sur le fait que le fonds de l’Etat ne couvrirait qu’un quart des dépenses globales. «L’Etat verse 50 euros par enfant et par an, objecte-t-on au ministère. Mais pour les communes qui connaissent des difficultés; la dotation peut atteindre 90 euros par enfant et par an.»
Et Christian Schoettl de porter le coup de grâce: «Je rappelle que l’Etat va dépense 2 milliards d’euros pour trois heures d’activités par semaine, 36 semaines par an. Mon père dirait que c’est sortir un bazooka pour tuer une alouette.»