EDUCATIONManque de professeurs: Les syndicats de l’académie de Versailles tirent la sonnette d’alarme

Manque de professeurs: Les syndicats de l’académie de Versailles tirent la sonnette d’alarme

EDUCATIONLa crise de vocation et les conditions dans lesquelles les stagiaires passent les concours de l’enseignement handicapent le recrutement de cette académie…
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

«On ne voit pas comment l’accueil des élèves va se faire à la rentrée». La Fédération syndicale unitaire (FSU) n’y va pas par quatre chemins pour tirer la sonnette d’alarme. «On a pris comme un signal positif la hausse du nombre de places au concours, souligne Michel Vialle, membre du Syndicat national des enseignements de second degré (Snes). Mais la refondation de l’école est construite sur un château de sable.» En cause: le métier d’enseignant ne fait pas rêver, au point que les académies ont du mal à recruter. En 2013, l’académie de Versailles comptait plus de 200 postes vacants, en 2014, il devrait y en avoir plus de 320 selon les chiffres avancés par la FSU. «Cela aggrave les inégalités car les postes vacants se concentrent dans les zones les plus difficiles et notamment dans le Val d’Oise», reprend Michel Vialle.

La crise de vocation très forte dans cette académie

Comment expliquer ce manque d’attrait? La rémunération ne fait pas rêver, plaident les syndicats. Emmanuel Cabiran insiste aussi sur l’image dégradée des enseignants. «On sort de 10 ans de dénigrement, soit on était en charge des couches des maternelles soit on ne savait pas leur apprendre à lire, s’agace ce professeur des écoles. Et la dégradation apparente de la relation entre les parents et les professeurs décourage les jeunes à se lancer dans le concours.» Difficile pour autant de régler cette question de fond en quelques mois.

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Des classes encore plus surchargées

Si la crise des vocations concerne tout le pays, l’académie de Versailles est encore plus touchée, selon ces syndicalistes. Le déclassement salarial pèse lourd dans une académie où le prix du logement est considérable et où les enseignants ont souvent besoin d’une voiture. L’académie enregistre plus de départs que d’arrivées. «Les conditions d’exercice sont très difficiles, avec des classes surchargées notamment, plaide un autre syndicaliste. Dans le primaire, il n’est pas rare de voir des classes de 30 élèves.»

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«Le potentiel de remplacement s’effondre»

«La seule solution: faire appel à des enseignants titulaires sur zone de remplacement (TZR). Or le potentiel de remplacement s’effondre», argumente Michel Vialle. Selon les chiffres glanés par le Snes, entre 2008 et 2013, le nombre de TZR qui remplacent les professeurs absents a baissé de 12 % sur cette académie. C’est autant de cours qui ne sont pas assurés lors de congés maladie de courte durée des enseignants. Des classes encore plus surchargées pour les collègues qui se répartissent les élèves des professeurs absents. Ou encore des formations qui ne sont pas acceptées car le professeur ne pourra être remplacé.

Autre solution: faire appel à des contractuels. Une piste critiquée par les syndicats. «On a vu des collègues titulaires d’un BTS tourisme se retrouver à enseigner l’allemand et d’autres d’un BTS gestion assurer un cours de math, déplore Michel Vialle. Soit le gouvernement s’attaque à la crise du recrutement, soit la priorité pour l’éducation sera un vain mot.»

Alors la FSU lance quelques pistes pour favoriser l’attrait de ce métier: la revalorisation des salaires, limiter à un tiers le temps de présence en classe l’année de stage pour que les admissibles aient plus de chances de réussir l’oral et une réforme de la formation plus ambitieuse.