Vélib’: Sept ans, l’âge de raison pour la bicyclette grise?
TRANSPORT•Dimanche, aux Champs-Elysées, le système de vélo en libre-service fête son septième anniversaire…Fabrice Pouliquen
A Sept ans, l’enfant est censé devenir plus calme, plus posé. C’est l’âge de la raison… En sera-t-il ainsi du vélib'? Pas sûr. Le système de vélos en libre-service parisien, qui fête son anniversaire dimanche sur les Champs-Elysées, est toujours en quête d’un pic. «Quelque part, c’est une bonne nouvelle, note Albert Asseraf, directeur général stratégie chez JCDecaux, qui gère le réseau. Les chiffres grimpent toujours. Nous venons d’atteindre les 275.000 abonnés annuels, ce qui n’était jamais arrivé. 154.761 trajets ont aussi été réalisés sur la seule journée du 6 juin dernier. Un record pour une journée non perturbée par une grève.
« Record battu ce vendredi: 154 761 trajets réalisés @Velib. On s’approche des 2 vélos loués chaque seconde! pic.twitter.com/Xq12cxQr3Z — Vélib' (@Velib) 9 Juin 2014 »
Satisfaisant? «Mouais», rétorque Mathieu Marqueur, ancien membre du Comité des usagers du vélib' entre 2010 et 2012. Certes, Il accorde à la bicyclette grise le mérite d’avoir fidélisé un public en sept ans. «Mais le système reste encore sous exploité.»
Régulation et vandalisme
Deux carences sont pointées du doigt. La première concerne la régulation des vélos sur les 1.751 stations que comptent Paris et sa petite couronne. «Certaines sont trop souvent vides, déplore Mathieu Marqueur. Celles au sommet des côtes en particulier, dans le nord-est de Paris et celles en banlieue, moins bien réapprovisionnées». Le phénomène inverse existe aussi. «Les stations stratégiques sont régulièrement saturées obligeant les utilisateurs à tourner de longues minutes avant de déposer leur vélib', note Vincent Guibert, membre actuel du Comité des usagers du Vélib'. En semaine, c’est le cas des stations proches des bureaux et, les week-ends, des coins touristiques».
L’autre difficulté majeure, c’est le vandalisme. «Nous étions retombés à moins de 5.000 vélos vandalisés en 2009 et 2010, observe Albert Asseraf. Nous étions remontées à 8.000 en 2013.» En fonction du nombre de vélos arrachés et de la fréquence du vandalisme, des stations se retrouvent alors fermées provisoirement. «Ce qui pénalise tous les usagers et entraîne une baisse importante du nombre de vélib' en circulation, regrette Mathieu Marqueur. On tombe certains jours à 15.000 vélos en service alors que la mairie de Paris a fixé à 18.000 le nombre minimum de vélos à maintenir sur le réseau par JC Décaux.»
Le vélib' électrique en 2017?
Contre le vandalisme, des solutions concrètes existent. «L’installation de poteaux dans certaines stations à Aubervilliers a permis de limiter les arrachages, illustre Christophe Najdovski, adjoint EELV d’Anne Hidalgo en charge des transports. Les stations du 18e arrondissement devraient être prochainement équipées.»
En ce qui concerne la régulation, les solutions sont moins évidentes. «JC Decaux a remonté 1 million de vélos en 2013 vers les stations en altitude, détaille Albert Asseraf. Difficile de faire plus.» Vincent Guibert et Mathieu Marqueur ont toutefois des idées à soumettre. «Développer encore les applications mobiles qui permettraient aux usagers d’alerter sur les stations vides ou surchargées», suggère le premier. «On pourrait aussi s’inspirer de Montréal qui a instauré de vraies stations dépôts en centre-ville, poursuit le second. En heure de pointe, les utilisateurs confient leur vélo à des employés qui les parquent dans des grands garages. C’est l’assurance de trouver un stationnement à sa bicyclette.»
Christophe Najdovski, lui, pense déjà à 2017, date de la renégociation du contrat sur l’exploitation du réseau vélib'. «L’arrivée de vélib’électriques et l’extention du réseau à la métropole de Paris seront alors deux grands objectifs à relever.»