CULTUREPlus de 4.000 anonymes au Panthéon

Plus de 4.000 anonymes au Panthéon

CULTUREJR affiche un photomontage de portraits d’anonymes sur le dôme et le sol du temple républicain…
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

En mai 2015, les dépouilles de quatre figures de la résistance rejoindront le Panthéon. Depuis ce mardi, 4.160 anonymes s’invitent de leur vivant dans le célèbre monument. Grâce à l’œuvre spectaculaire de JR, le Panthéon affiche sourires et grimaces.

Un tapis de sourires

«Ceux qui reposent ici ont risqué leur vie. Les grands hommes de demain sont peut-être parmi ces portraits», avance JR, lunettes de soleil sur le nez. Avec un mois de retard, le public va s’immerger dès ce mercredi dans cette œuvre de street art qui donne un coup de jeune à l’ancienne église en travaux. Dès le bas de la rue Soufflot (5e), ils vous font de l’œil.


Des centaines de visages en noir et blanc, superposés, plus ou moins gros, trônent sur le dôme du célèbre monument recouvert par une bâche depuis des mois. Si les portraits ont petit à petit recouvert les échafaudages, attirant les badauds, l’intérieur réserve une surprise au public qui pourra pénétrer dans l’œuvre contemporaine.

Derrière les lourdes portes, un tapis de milliers de visages accueille le visiteur. «J’étais très intimidé de venir travailler dans un monument sacré», avoue JR, célèbre street artiste dont l’invention, Inside Out a fait le tour du monde. Et ces milliers de visages constituent un écho aux tombes qu’on foule habituellement. «Je voulais vraiment que les gens marchent dessus sans que ça s’abîme», précise JR. Qui n’a pas pu faire compacter les 24.000 personnes qui ont participé à cette œuvre baptisée Au Panthéon!. Notamment en se faisant tirer le portrait à bord du camion-photomaton qui a fait neuf haltes en France, de Carcassonne à Poissy.

>>Retrouvez notre reportage à Poissy.

«L’œuvre met en valeur l’architecture du monument»

Pour Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux qui a fait appel à JR, l’œuvre est «parfaitement cohérente avec le message humaniste du monument et donne une formidable impression d’allégresse et de force. Ces hommes et ces femmes forment une sorte de garde d’honneur, ils disent aux passants "Venez il y a quelque chose qui vous concerne".» Parfois critiqué pour son côté maintream, loin des dénonciations qui l’animaient pour d’autres projets, JR se défend: «On peut faire des choses impactantes dans un cadre légal.»

Un clin d’œil, un sourire aux dents blanches, une moustache en cheveux, un V ou un cœur avec les doigts… Ce joyeux panachage de portraits détonne entre les statues de pierre.

«Le minéral se cache pendant quelques mois sous le côté chair, humain des personnages, détaille Pascal Monnet, administrateur du Panthéon. Mais les anonymes panthéonisés par le street artiste devront jouer à «Où est Charlie?» du sol au plafond. Car le photomontage recouvre aussi le dôme de l’intérieur. «On a dû créer une bâche en vinyle pour épouser la forme du dôme sans coller dessus l’œuvre», précise JR. «L’œuvre met en valeur l’architecture du monument, assure Pascal Monnet, l’administrateur du lieu. Ce sont 4.000 personnes qui sont autour de nous, qui nous regardent et qui représentent la France d’aujourd’hui».


Une œuvre plutôt que de la publicité

L’initiative de recouvrir des travaux par une œuvre contemporaine dénote à l’heure où la place Vendôme, l’Opéra de Paris ou le musée d’Orsay exhibe des publicités géantes. Mais JR affirme qu’il tient à sa liberté sans sponsor: «Ces visages ne sont pas présentés par une marque de chaussettes.»

«Le Centre des monuments nationaux n’exclut pas de faire appel à la publicité pour d’autres bâtiments», nuance Philippe Bélaval. Mais pas sur le Panthéon, ou l’Arc de Triomphe, car il y a un sacré républicain. Vous ne mettriez pas de la publicité sur la tombe de vos parents!»