Découvrez le squat vert et féministe de Paris

Découvrez le squat vert et féministe de Paris

LOGEMENTDimanche, les squats parisiens ouvrent leurs portes. A cette occasion, «20 Minutes» est allé visiter le Safe, un squat engagé et classe dans le 14e …
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

C’est un squat où chacun a sa chambre avec salle de bain. Sans procès et avec le soutien de la mairie. Un collectif féministe mixte. Safe (pour squat artistique féministe et écolo) cumule les contradictions apparentes. Rue Maurice Ripoche, dans le 14e arrondissement de Paris, neuf mal-logés ont élu domicile depuis janvier dans un hôtel décati. Et depuis cinq mois, aucune nouvelle du propriétaire. Alors les cinq femmes et quatre hommes bâtissent dans une ambiance sereine un squat engagé et ouvert. «On ne veut pas s’approprier ce lieu, mais le partager», souligne Léa.

«Pour beaucoup, le squat est un repère de junky paumés, ici on porte des projets»

Dimanche dernier, il n’y avait pas foule pour leurs portes-ouvertes. Mais le coolectif (collectif cool, le nom de leur association) mise sur le Festival des Ouvertures Utiles, un événement intersquat qui débute à Paris ce dimanche. Le safe en profite donc pour défendre ses marottes: l’art, le féminisme et l’écologie. Ils hypothèqueront la rue pour présenter jongleurs et concerts (le 25 mai), le parcours de militantes féministes notamment la tunisienne Amina Sboui (le 1er juin) et organiser une disco soupe le 8, où chacun cuisine et déguste des légumes invendus.

«Pour beaucoup, le squat est un repère de junky paumés, ici on porte des projets», reprend Léa. Les neuf compères, qui accueillent un week-end sur deux le fils de Jean-Christophe, l’un des squatteurs, n’ont jamais été aussi bien logés à Paris que dans ce squat propret et confortable, accepté autant par les voisins que par la mairie.

L’idée de ce squat, le plus luxueux de Paris, est née dans un autre squat rue de Valenciennes (10e) , où vivaient Fatima et Jean-Charles. «Mais la question féministe était oubliée, critique Fatima, co-fondatrice de l’association les Effrontées. C’était les hommes au bricolage, les femmes à la cuisine. J’ai d’abord eu envie d’ouvrir un lieu pour les prostituées et les femmes victimes d’abus. On m’a dit qu’il deviendrait la cible des macs et mecs violents. Alors est venue l’idée de faire un squat-tribune du mouvement féministe.»

Première étape, ils prennent d’assaut un commissariat dans le 18e, abandonné depuis huit ans. Au bout de quatre jours, ils sont expulsés. «Après 15 heures de garde à vue, je me suis dit, j’ai cours moi… et j’ai faim!», ironise Alice. En janvier, ils découvrent cet hôtel abandonné, que la mairie du 14e tente de préempter depuis trois ans.

«Quand on a passé la porte, enfin la fenêtre, on a découvert les lumières allumées, les bleus de travail au sol, c’était surréaliste!», reprend Alice.

Un squat propret et confortable

Depuis, la vie s’organise. Le rez-de-chaussée et le premier reçoivent réunions, ciné-club, ateliers d’alphabétisation… et même les copains galériens accueillis dans une «chambre coup de pouce». A partir du deuxième, place au coolectif. Dans la cuisine partagée, Léa, Jean-Charles, Alice et Fatima partagent des spaghettis aux haricots. «J’ai vécu six mois à la rue, ta seule préoccupation c’est savoir où tu vas dormir», raconte Fatima. «Aujourd’hui il faut gagner le triple de ton loyer, avoir une stabilité de l’emploi, des garants, critique Léa. Un jour il faudra donner un bilan sanguin aux banques pour obtenir un prêt!»

Et si le soutien au Femen fait débat, ces squatteurs partagent une même volonté de faire avancer la cause féministe. «C’est injuste et irrationnel d’opprimer la moitié de la société», s’exclame Jean-Charles. Et Alice de le reprendre: «Mais les hommes aussi sont opprimés par les clichés qu’on leur impose