SANTEComment maintenir une médecine de proximité accessible à Paris

Comment maintenir une médecine de proximité accessible à Paris

SANTEBernard Jomier, adjoint à la Santé d’Anne Hidalgo, réfléchit à deux pistes pour faciliter l’accès à une médecine de proximité peu onéreuse…
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

Mardi à 10h, une vingtaine de personnes patientent dans l’exiguë salle d’attente du médecin Agnès Giannotti, à la Goutte d’Or (18e). «Quand on découvre la foule devant le cabinet encore fermé, on a souvent envie de repartir en courant à la maison», rigole-t-elle. Cette généraliste de secteur 1 et sa collègue reçoivent entre 25 et 35 patients chaque jour sans rendez-vous, dont 40 % de bénéficiaires de la Couverture Maladie Universelle (CMU) et 30 % touchant l’aide médicale de l’État (AME). «Je crois que je bats tous les records, s’amuse-t-elle. C’est de la santé primaire, du dépistage, de la médecine de famille comme avant.» Et ce n’est pas un hasard si Bernard Jomier, adjoint à la maire de Paris chargé de la Santé, a choisi de rendre visite à cette praticienne pour lui faire part de ses pistes sur la médecine de proximité.

Un coup de pouce pour l’installation des jeunes généralistes

«On réfléchit à proposer un soutien à l’installation», avance l’adjoint. «Bienvenue!», s’exclame la généraliste avec enthousiasme. Quelques semaines après sa prise de fonction, l’ancien médecin désormais adjoint d’Anne Hidalgo sait clairement quelle est sa priorité: «A Paris, on voit s’affaisser l’offre médicale de secteur 1. Obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologiste dans le secteur conventionné devient parfois une mission impossible. Dans le 19e, on comptait 155 généralistes en 2.000 pour 170.000 habitants, aujourd’hui on en a 130 environ pour 190.000 habitants.»

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Un tiers des généralistes se rapprochent de la retraite et le renouvellement ne se fait pas forcément. «La consultation d’un généraliste en secteur 1 coûte 23 euros partout en France. Mais le prix du foncier n’est pas le même à Aurillac et à Paris. On souhaite donc mettre en œuvre une aide à la première installation, système qui a été déjà mis en place dans certains villages de France.» Si ce plan pour sauvegarder une médecine de proximité accessible doit être peaufiné dans les prochains mois, il ne serait pas question de transformer des logements en cabinets médicaux. Mais plutôt de construire des cabinets de plain-pied dans de futurs immeubles sociaux. Ou de transformer des rez-de-chaussée inutilisés à cet effet.

Multiplier les centres de santé à Paris

Deuxième piste: encourager la construction de plusieurs centres de santé pendant cette mandature. Il en existe 22 à Paris, dont six appartenant à la Ville. Et ces structures réunissant des médecins, tous de secteur 1 et proposant le tiers payant, comblent un manque. «Il nous faut pousser les murs», résume Sylvie Payet, directrice du centre de santé Marcadet (18e). Les dermatologues, gynécologues, dentistes, podologues, qui se relaient dans cette structure reçoivent de 100 à 120 patients par jour. Et la directrice de convier l’adjoint à la santé à visiter les lieux. «Depuis que la fermeture est passée de 17h à 19h en novembre 2011, des étudiants, de travailleurs viennent se faire soigner. Et il arrive que les malades patientent debout» tant la salle d’attente est petite. Elle précise que l’ophtalmologue ne reçoit qu’un jour par semaine: «On a un problème de recrutement.». Ce mardi matin, Jean-François vient pour la troisième fois voir un dentiste. «Je vais sans doute consulter un généraliste aussi, explique-t-il. Les médecins de ville ont souvent leur carnet d’adresses et ne nous envoient pas forcément chez des spécialistes de secteur 1.On entend beaucoup parler des urgences saturées. Ces centres peuvent être une réponse.»

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