SYRIESyriens à Saint-Ouen: Les réfugiés logés dans un square sont en attente d'une solution

Syriens à Saint-Ouen: Les réfugiés logés dans un square sont en attente d'une solution

SYRIEUne trentaine de familles syriennes sont installées depuis quelques semaines dans un square, à Saint-Ouen (93), en Seine-Saint-Denis. Sans papier, sans travail et sans logement, les réfugiés vivent grâce à l’aide des associations…
Sélèna Jeusset

Sélèna Jeusset

«On s’est dit qu’en France il y avait du travail, des solutions à nos problèmes», lance Kohedr Yahya. Venu de Syrie avec sa femme et ses cinq enfants, sa famille loge avec d’autres réfugiés au square Edouard-Vaillant, à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. Leur date d’arrivée est floue. Depuis trois semaines selon la mairie. Mais selon Kohedr certaines familles, dont la sienne, seraient arrivées il y a au moins trois mois.

Des conditions précaires

Quelques femmes assises à même le sol sur des draps surveillent leurs enfants. D’autres dorment emmitouflés dans des couettes. «On est passé par l’Egypte, l’Algérie, l’Espagne… On est fatigués maintenant de toujours devoir bouger.»

Des femmes enceintes ont été admises à l’hôpital. Quant aux autres réfugiés, ils dorment dans leurs véhicules ou à l’hôtel. Face à cette insécurité, Kohedr est inquiet pour l’une de ses filles, malade. «J’ai tenté de la faire soigner en remplissant un dossier à la préfecture, on m’a dit qu’il y avait 300 familles en liste d’attente devant moi.»

Bientôt des nouvelles de la préfecture

Heureux de pouvoir communiquer sur leur situation, les hommes se rassemblent autour de Kohedr Yahya. Parmi eux, Younes Al-Sheikh, 28 ans, était enseignant en Syrie de langue française pour l’école secondaire. «J’ai une petite fille de 6 ans qui ne peut pas aller à l’école… Ce n’est pas logique. Quant à ma femme, elle est enceinte de 6 mois, elle va accoucher dans un parc?», demande-t-il, dépité.

Pour la mairie, le problème relèverait de la compétence de l’Etat. William Delanoy sollicite le ministre des affaires étrangères à trouver une solution durable. «Il est inconcevable que les communes, en particulier celles qui doivent déjà faire face à de grandes difficultés sociales, doivent palier en permanence aux défaillances de l'Etat.»

En attendant de trouver une solution, les réfugiés comptent donc sur les familles syriennes déjà présentes à Saint-Ouen pour leur venir en aide, et sur le tissu associatif. Les autorités préfectorales devaient se rendre cet après-midi dans le square.

Une précieuse aide associative

Grâce aux associations, la trentaine de familles loge au jour le jour à l’hôtel, et des repas sont assurés. L'association Revivre a notamment permis de débloquer une subvention de 1200 euros. Souriana Hayek, membre de l’association Croissant Fertile vient pour la première fois sur le square. « On fait un appel au don sur internet pour aider aux dépenses de la vie quotidienne.»

D’autres organismes aident les réfugiés à obtenir des papiers, afin d’obtenir un logement et du travail. Notamment France Terre d'Asile, ainsi que le Haut-Commissariat aux réfugiés. Faute de pouvoir retourner dans leur pays. «C’est un cas de guerre, précise Younes, soit on est obligé de quitter notre travail et de faire le service militaire. Soit on quitte la Syrie. On est venu en France car c’est le pays des droits de l’Homme.»