La frontière rock-rap n'existe plus
Jusqu'aux années 2000, la cartographie musicale francilienne était simple. Dans Paris pullulaient groupes de rock et DJ, et au-delà s'étendait le vaste territoire du hip-hop. Cette frontière a longtemps été une référence dans les textes des groupes de rap comme NTM. Oxmo Puccino, qui a longtemps vécu dans le 19e, se rappelle les années 1990 : «Certains rappeurs me traitaient de bourgeois du rap car j'habitais du bon côté du périph. Mais mon quartier était hyper pauvre, pire que bien des banlieues.» Les choses ont changé depuis que les rockers ont dépassé leurs craintes, un peu poussés par la pression immobilière parisienne. «On a construit notre studio en banlieue est, là on pouvait s'offrir un terrain, expliquent les membres de Skip the Use. On écoute du rap aussi, ça ne nous fait pas peur de croiser des MC, mais honnêtement, on croise surtout des bobos.» A l'inverse, le jeune groupe de rap 1.9.9.5. est issu du sud de Paris, a son studio près de la porte de Choisy «du bon côté du périph, plaisantent-ils. On a donné plein de concert en banlieue, ce n'est pas un problème. L'identité rap, on peut la cultiver où on veut, même dans les beaux quartiers.» B. C.