Les chantiers de cités ciblés
Violences Une réunion se tient ce mardi pour lutter contre ce fléauAlexandre Sulzer
C'est une réunion un peu particulière qui rassemble ce mardi le préfet de Seine-Saint-Denis, la procureure de la République de Bobigny, les bailleurs sociaux et les professionnels du BTP. Au programme : les difficultés endurées par les sociétés sur les chantiers de rénovation urbaine dans les quartiers. Un sujet sensible qui a émergé après une série de faits divers violents (lire encadré). « Ces entreprises peuvent être confrontées à des formes de racket, notamment via de fausses sociétés locales de gardiennage, ou être sous pression car les dealers ont l'impression que l'on perturbe leur trafic », explique un membre du cabinet du ministre délégué à la Ville François Lamy. Selon lui, « la problématique est connue depuis pas mal d'années, mais il y a eu un changement d'échelle, le seuil attentatoire à la vie des personnes à été atteint. »
Une parole de victimes rare
« Difficile d'évaluer l'ampleur du phénomène, glisse à 20 Minutes une source judiciaire. Les témoignages des victimes sont lacunaires ou édulcorés en raison des risques de représailles. » L'un des objectifs de la réunion sera d'ailleurs d'inciter les professionnels du BTP à déposer plainte. Le parquet confirme que toutes les affaires survenues sur un chantier de rénovation urbaine seront suivies par un magistrat référent. « Nous travaillons sur cette question depuis quatre ans déjà, mais nous ne sommes pas forcément au courant de tout », confirme Cécile Richard, directrice des affaires économiques et juridiques à la Fédération française du bâtiment Grand Paris. Elle a vent avant tout de vols de matériaux sur les chantiers. « A tel point que certaines sociétés refusent des chantiers dans les cités. Car les vols peuvent représenter de 1 à 3 % du chiffre d'affaires, sans compter les pénalités de retard. » Au ministère de la Ville, on insiste sur le fait que la réponse ne doit pas être que répressive. « Parfois, des jeunes s'expriment de façon virulente car ils veulent être embauchés. Il faut en effet les faire davantage participer. » Actuellement, des chantiers se poursuivent sous surveillance policière dans cinq communes de Seine-Saint-Denis.