Ouessant, Rennes, Vincennes, porte des Lilas: les brebis qui ont pris leurs quartiers mercredi matin dans le parc des Archives de Paris (19e) ont suivi un itinéraire qui devrait les mener vers la gloire à la capitale. Ces quatre brebis d'Ouessant vont remplacer les tondeuses sur l'espace enherbé de 2.000 m² au pied du bâtiment qui conserve des millions de documents émis par les services publics parisiens depuis deux cents ans.

La Ferme de Paris a acheté ces quatre membres d'une espèce menacée de disparition. «Les moutons d'Ouessant ont commencé à se faire rare dans les années 1970 quand l'agriculture intensive a privilégié les races à rendement élevé pour la viande et le lait», explique Marcel Cottet, responsable de la Ferme de Paris.

Une race très résistante

L'éco-pâturage devenu à la mode dans les villes, cette espèce a trouvé un emploi qui lui correspond parfaitement: «C'est une race rustique qui se contente de peu d'alimentation et qui est très résistante aux maladies», poursuit Marcel Collet.

Leur premier contrat de désherbage aux Archives ne durera que quinze jours. Les brebis seront ensuite rapatriées à la Ferme de Paris pour être tondues et soignées, puis elles reviendront trois fois quinze jours durant les six prochains mois.

Leur aide permettra de se passer des engins mécaniques et des désherbants. Reste à savoir si les employés des Archives développeront «l'œil de l'éleveur», nécessaire à la détection de tout problème de santé chez les brebis.

L'éco-pâturage, déjà pratiqué en région parisienne, pourrait se développer dans la capitale : «Les services d'entretien des canaux sont intéressés, certains bailleurs sociaux aussi, et nous avons lancé un appel à projets sur l'agriculture urbaine», se félicite Fabienne Giboudeaux (EELV), adjointe à la mairie de Paris chargée des espaces verts et de la biodiversité. Les moutons d'Ouessant ne risquent donc pas d'être classés dans les archives des espèces animales.