Une cagnotte en ligne finance un bateau pour loger un SDF

SOLIDARITE Ancien sans domicile fixe, Claude habite désormais sur le «Ti Navire», un petit bateau mouillant dans le port des Minimes à La Rochelle (Charente-Maritime), acheté à l’aide d’une cagnotte lancée par son ami Cyril…

Virginie Tauzin
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Le «Ti Navire» mouille dans le port des Minimes à La Rochelle (Charente-Maritime).
Le «Ti Navire» mouille dans le port des Minimes à La Rochelle (Charente-Maritime). — Alice Meteignier
  • Une cagnotte Leetchi a permis d’acheter un bateau à Claude, sans domicile fixe.
  • Il habite désormais dans un petit bateau, le «Ti Navire», amarré dans le port des Minimes de La Rochelle (Charente-Maritime).
  • La cagnotte a été lancée par Cyril, après qu’il a hébergé Claude sur son propre bateau.

Sur Ti Navire, il y a un coin cuisine et deux couchettes, mais surtout, désormais, il y a Claude. En février 2018, il est devenu le « chanceux propriétaire », comme il dit, de ce petit bateau de 7,20 m² amarré au port des Minimes de La Rochelle (Charente-Maritime). « Et je n’en changerais pour rien au monde », jure-t-il

Ti Navire a été financé par une cagnotte lancée sur le site Leetchi afin qu’il retrouve un toit. Ce cadeau a changé sa vie, alors que Noël avait perdu pour lui tout son sens : le 24 décembre 2016, son ex-femme avait refusé de lui laisser leurs deux filles, qu’il n’a pas pu revoir avant de s’ancrer sur son bateau.

Un appel sur Facebook

Cette belle histoire de solidarité commence en décembre 2017. Claude a 46 ans. Depuis onze mois, il a quitté un appartement qu’il ne pouvait plus assumer et où de toute façon il ne recevait plus ses filles. « Rémi, qui travaille dans une association à La Rochelle, m’a hébergé pendant six mois, mais j’ai dû retourner à la rue », raconte Claude. Au même moment, Cyril Portmann, chauffeur de car sur l’île de Ré et plaisancier au port des Minimes, tombe par hasard, sur Facebook, sur l’appel de Rémi, qui cherche un hébergement d’urgence pour un sans domicile fixe.

« J’ai été touché, alors j’ai proposé mon voilier, Arauya, dont je ne fais rien en hiver. Quand j’ai rencontré Claude, je l’ai prévenu : “Je peux passer à n’importe quel moment. Si je vois que la moindre chose cloche sur le bateau, c’est terminé.” Quand je suis revenu trois jours plus tard, c’était impeccable. » Ces trois jours suffisent à Claude pour tomber amoureux de la vie à bord : « Cyril me demande comment c’est, la vie sur un bateau, je lui réponds que c’est génial. Je suis super bien, je ne croyais plus cela possible. Alors il monte une cagnotte dans mon dos. »

Coups de main pour l’aménagement

En quelques jours, Cyril a déjà repéré un petit bateau sur Le Bon Coin, que son propriétaire vend 1 000 €. Sur Leetchi, le chauffeur de car demande alors 2 500 €, pour payer, en plus, quelques travaux de réaménagement et de peinture intérieurs. « Finalement, on récoltera un peu plus de 2 200 €, mais des personnes nous ont aidés autrement », souligne Cyril. La batterie et les extincteurs ont été offerts par des commerçants, tandis qu’une voisine s’est proposée de coudre l’ensemble des housses et qu’une autre personne a fait gratuitement l’électricité intérieure.

Pour 200 € par mois, Claude a depuis son chez-lui, où il peut recevoir ses filles de 10 et 11 ans deux samedis par mois. « Cyril, pour moi, c’est comme un frère, c’était la première fois que quelqu’un faisait quelque chose d’aussi important pour moi », dit Claude. « C’était la première fois que je venais en aide à quelqu’un », complète Cyril. Dans le port des Minimes, la capitainerie a trouvé à Ti Navire une place sur le même ponton qu’Arauya, histoire de sceller d’autant plus cette fraternité maritime.