Aux Restos pour la toute première fois
•SOCIAL A l'heure du lancement de la campagne 2011-2012, rencontre avec deux nouveaux inscritsAurélie Selvi
Adam a 35 ans, Margot 23 de plus. Ils ne se connaissent pas mais avaient hier rendez-vous au même endroit. Dans le quartier des Moulins, au 18 du boulevard Paul Montel, ils ont poussé pour la première fois la porte des Restos du coeur. Un drôle de clin d'oeil pour ces anciens cuisiniers aux parcours compliqués.
Il y a quelques années, Margot avait son propre resto à Gorbella. On y mangeait des spécialités thaï ou sénégalaises, son pays d'origine. C'était avant les galères financières et les soucis de santé. « Il y a dix ans, j'ai subi une dizaine d'opérations. Depuis, je ne peux plus travailler », glisse-t-elle. Avec pour unique revenu une pension handicapé de 700€, les fins de mois sont devenues un casse-tête pour cette souriante quinqua, qui assume seule 500€ de loyer et les factures qui vont avec. « Les Restos, c'est ma voisine qui m'a poussée à m'y inscrire. Je ne voulais pas parce que, d'habitude, c'est moi qui aide les autres... Mais la vie est devenue si chère, si cruelle », avoue Margot.
« Un colis, c'est beaucoup »
Pain, steak, yaourts... Aux Restos, c'est Marie-Jo, l'une des chaleureuses bénévoles, qui l'aide à remplir son cabas sous le regard de Coluche, affiché sur le mur. « Un homme génial, qui prouve qu'avec ou sans argent, le plus important c'est avoir du coeur », lance Margot en quittant le local.
Adam, lui, ne sait pas qui est Coluche. Il y a un mois, il a déserté sa Syrie natale pour fuir la répression. « Les chars ont rasé ma maison. J'ai été emprisonné 20 jours, à quinze dans 4 m2, pour avoir manifesté contre le régime. Il fallait que je parte...» Arrivé en France après un long périple, cet ex-cuistot, aujourd'hui demandeur d'asile, s'est tourné vers les Restos sur les conseils de Forum réfugiés. « Je vis dans une voiture, alors un colis alimentaire, c'est déjà beaucoup... », conclut-il.