Nice veut-elle que la croisière mette les voiles ?
PAS COULE•Pas essentielle selon des habitants et professionnels du quartier du port, l’activité pourrait bientôt bénéficier d’équipements antipollution
Elise Martin
L'essentiel
- Alors qu’un bateau était expulsé il y a deux semaines parce qu’il polluait trop, le chargé de mission du port, Olivier Bettati rappelle que l’électrification des quais résoudrait le problème.
- En attendant, habitants et professionnels du quartier pourraient se passer de ces activités qui ne leur « rapportent rien ».
Et si les pointus et les yachts n’étaient plus que les seuls bateaux du port de Nice ? Exit les bateaux de croisière considérés comme encombrants et polluants ? Pour la plupart des personnes interrogées par 20 Minutes dans ce quartier, ils ne seraient pas franchement regrettés.
Le patron d’un restaurant place de l’île de Beauté estime même « qu’ils n’apportent que du bordel [sic] ». Depuis trente-neuf ans qu’il est là, il en a vu des gens descendre de ces géants des mers. Mais ce n’est qu’avec « les matelots » qu’il travaille. Les croisiéristes, eux, « ont déjà mangé, déjà bu et ils cherchent seulement les Galeries Lafayette. »
Végétaliser et électrifier
De l’autre côté, sur le quai Infernet, Fred, le chef de La Barque bleue pense de son côté qu’il y aurait « forcément des retombées économiques négatives ». « Dès qu’on touche à un secteur, les autres en pâtissent. On ne peut pas estimer le pourcentage que ça représente mais on reçoit quand même beaucoup le Club Med ». Il ajoute : « Si ce n’est pas les bateaux, ce sont les avions, si ce ne sont pas les avions, ce sont les voitures. Ce qu’il faut arrêter, c’est le tourisme de masse. Mais c’est compliqué d’allier économie et écologie. »
C’est pourtant ce qu’aimerait faire la ville de Nice. En septembre, Christian Estrosi avait même annoncé vouloir une « taxe de 60 euros par escale et par voiture » pour les Corsica Ferries arguant que ces navires rejetaient à quai autant de CO2 que sur « un aller-retour Bruxelles-New York ». C’est aussi pour des raisons écologiques qu’il y a deux semaines, Olivier Bettati, chargé de la mission du port, a fait expulser un « vieux » bateau de croisière, l’Aegean Odyssey. « Ce genre de décision fait partie de l’évolution de la ville », explique-t-il à 20 Minutes.
« Une vitrine de Nice »
Des discussions sont toujours en cours pour trouver « des alternatives avec Corsica Ferries » mais cette idée de taxe est « en stand by », confie-t-il. « D’où l’urgence d’électrifier les quais, pour se brancher et éteindre les moteurs, continue-t-il. Et d’où la volonté de végétaliser le port et ainsi éviter que les voitures restent pendant des heures le moteur allumé avec la clim’pour embarquer. S’il y a des arbres, on peut rester à l’ombre, au frais ». Il précise qu’avec la requalification, « les bateaux de croisières seront toujours les bienvenus s’ils font moins de 140 m ».
Pour Solange, 66 ans, « enfant du quartier », c’est effectivement « primordial de trouver une solution pour la pollution ». « Le port est très vivant, il y a une âme ici. Attention tout de même à ne pas le transformer en vitrine de Nice car aujourd’hui, il n’y a plus que des restaurants et des bars ».