PORTRAITA Isola 2000, Olivier Le Breton est passé de chauffeur routier à musher

Alpes-Maritimes : Des poids lourds aux chiens de traîneau, Olivier Le Breton devient le premier musher d’Isola 2000

PORTRAITOlivier Le Breton a décidé de changer de vie à l’âge de 40 ans et de quitter les routes pour les pistes, il propose maintenant de découvrir la montagne en attelage de chiens de traîneau
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Passionné par les chiens, Olivier Le Breton a décidé d’en faire son métier, vingt et un ans après avoir commencé une carrière de chauffeur routier.
  • Il est passé de conducteur de véhicules à conducteur de chiens en un an et demi.
  • Il passe actuellement sa deuxième saison en tant que musher à Isola 2000 et n’a « aucun regret ».

Pendant vingt et un ans, son quotidien c’était le bitume. Mais, à 40 ans, le Niçois Olivier Le Breton a décidé de lâcher son volant pour prendre les rênes d’un traîneau. Fini les routes, bonjour la montagne. En s’installant à Isola 2000, dans les Alpes-Maritimes, il est d’ailleurs devenu le premier musher de la station et un des seuls du département. « C’est ma deuxième saison et c’est génial », résume-t-il en souriant.

Tout est parti d’une passion. « J’ai toujours eu des chiens. Un jour, ma fille m’a dit qu’elle voulait un husky pour ses 18 ans. Je me suis renseigné et j’en ai finalement pris un pour elle, un pour mon épouse et un pour moi. » Avec sa mini meute, il commence à se renseigner sur le métier de musher et en rencontre un. « J’ai vu le cadre de vie, c’était ça que je voulais faire ! A l’époque, j’avais 40 ans. Je me posais beaucoup de questions, j’étais lassé d’être chauffeur routier. Quinze jours après avoir quitté ce job, j’allais déjà beaucoup mieux. »

Une nouveauté pour Isola 2000

Il décide alors de passer le diplôme de « conducteur de chiens attelés », reconnu par l’Etat, et passe une saison avec un autre conducteur de chiens. « En un an et demi, j’avais tout ce qu’il fallait pour monter ma propre affaire », explique-t-il. Cinq ans après, il est entouré de « ses loulous », douze huskys de Sibérie et une croisée malamute de l’Alaska, et propose des baptêmes en chiens de traîneau avec « une présentation des animaux, vingt minutes de glisse où c’est [lui] qui pilote, un moment où on peut les caresser » à Isola 2000.

Olivier Le Breton avec ses chiens à Isola 2000
Olivier Le Breton avec ses chiens à Isola 2000 - F. Binacchi / ANP / 20 Minutes

« C’était une nouveauté aussi pour la station qui a toujours été axée sur la pratique du ski alpin, indique le Niçois. Quand ma deuxième demande a été acceptée, j’ai senti une impulsion différente, avec l’envie de développer d’autres activités. Finalement, je me rends compte que c’était quelque chose que beaucoup attendaient ici. Et c’est royal pour moi car je suis le seul prestataire. »

Avant de se lancer, il a étudié les pistes qu’il pouvait utiliser, en faisant attention aux virages et au dénivelé, pour que ses bêtes soient dans les meilleures conditions possibles. « A l’automne, avant le début de la saison, il faut entraîner les bêtes, seulement quand il fait moins de 15 °C, car ce sont des chiens sportifs et comme pour tous sportifs, on a besoin d’être en forme avant la reprise. » A la fin de la saison, les huskys se reposent un mois et demi. « L’été, je propose des canirandonnées où, cette fois, les marcheurs ont chacun un chien avec eux. »

« Aucun regret »

Le planning d’un musher est donc chargé. Il se définit « comme un agriculteur », il n’a « pas de vacances ». « Mais je n’ai aucun regret d’avoir changé de vie. Je travaille en plein air, je me sens libre et je suis avec des collègues très à l’écoute, s’exclame le musher. Finalement, ce sont comme mes enfants, c’est leur bien-être avant tout. »

Il développe : « Je ne compte pas les heures, les blessures à soigner et toutes les autres contraintes. Mais si c’était pour faire de l’argent, j’aurais pu être moniteur de motoneige. Là, j’ai choisi de travailler avec des êtres vivants, qui ont des caractères. Il faut les connaître, anticiper leur comportement, et avoir une connexion. Ça demande du temps mais je suis comme leur mamma italienne. Je donne les ordres mais on s’adore. »

D’ici deux ans, il aimerait rapatrier toute la famille à la montagne. Son fils de 11 ans a déjà annoncé « qu’il voudrait devenir musher » quand il serait grand.