Nice : Les écologistes veulent « mobiliser la population » pour éviter la destruction du Théâtre national et du palais Acropolis
DESACCORD•La mairie qui veut utiliser cet espace pour prolonger sa coulée verte répond que le groupe d’opposition écologiste « s’oppose au verdissement » de la villeElise Martin
L'essentiel
- Le maire de Nice a annoncé plusieurs fois sa volonté de raser le TNN et le palais Acropolis pour prolonger la coulée verte.
- Les écologistes de Nice ont annoncé leur opposition et questionnent les raisons de ce projet tout en proposant une concertation avec la population pour trouver des alternatives plus écologiques et « logiques ».
- La fille de l’architecte du théâtre est également opposée à la destruction du bâtiment et dénonce « une atteinte au droit moral » de son père.
«Ce projet ne coche aucune case, que ce soit d’un point de vue écologique, économique ou culturel », s’exclame Juliette Chesnel-Le Roux, élue municipale EELV. À ses côtés, ses cinq confrères du groupe écologiste, tous opposés au projet du maire Christian Estrosi de détruire le Théâtre national de Nice (TNN) et le palais des congrès Acropolis pour prolonger la promenade du Paillon.
Ils se sont réunis pour « mobiliser ». Après l’annonce d’une salle de spectacle à l’Iconic, ils ont « senti qu’il y avait une volonté de trouver de nouvelles excuses à la démolition du TNN qui doit débuter en janvier 2022 », indique l’élue municipale.
« La dispersion des salles, un désastre économique »
D’après leurs sources, le coût de la rénovation du TNN, une des raisons évoquées qui justifie sa démolition pour la mairie, s’élève à six millions d’euros. « C’est moins cher que le théâtre éphémère que veut mettre en place la ville pendant les travaux. Ce n’est d’ailleurs pas une proposition écologique que d’acheter du jetable », affirme l’élue écologiste. Elle ajoute : « On se demande où est la logique écologique de détruire deux bâtiments opérationnels pour reconstruire ailleurs. C’est un bilan catastrophique et inefficace pour la planète. » Pour elle, l’argument de végétalisation de la ville, « une artificialisation du sol », est irrecevable : elle aimerait plutôt voir planter des arbres « sur le parking d’Acropolis ».
Le groupe d’opposition questionne également « cette stratégie de dispersion de salles pour faire vivre la culture. La grande maison du théâtre n’existera plus, pour les équipes, les décors, les répétitions, ce sera un vrai casse-tête ». Pour le palais des congrès aussi, qui « apporte une clientèle aux commerces du Vieux Nice » à chaque événement, la « perte économique est colossale ». Délocaliser à l’ouest de la ville, dans la plaine du Var, « ne bénéficiera qu’aux grands hôtels », expliquent les élus.
« Détruire le théâtre serait une atteinte à l’esprit de l’œuvre »
Sur l’esplanade du bâtiment imaginé par Yves Bayard, les six écologistes ont appelé la fille de l’architecte, Martine Bayard, avec qui le maire de Nice devait se concerter en septembre mais qui ne reçoit plus de réponse. « J’ai déjà dit que ce projet de destruction était une atteinte au droit moral de mon père. Des questions se posent maintenant. Quels moyens ont été mis en œuvre pour chercher des réponses à la préservation de cette œuvre ? Quels sont les impératifs d’intérêt général justifiant cette destruction ?, demande-t-elle. Je pense que la coulée verte peut exister tout en conservant l’ensemble de la promenade des arts ».
La fille de l’architecte insiste sur la façon dont ont été construits les bâtiments à cet emplacement. « Le TNN est indissociable du MAMAC [le musée d’art moderne et d’art contemporain]. Ils sont reliés, avec la volonté d’une confrontation entre l’art de l’instant et l’art de recherche. Détruire le théâtre serait une atteinte à l’esprit de l’œuvre car on laisserait le musée sans son alter ego », développe-t-elle.
Les Verts proposent « un contre-projet » qui « corrigera l’existant avec un espace vert mais pas dans ces conditions ». Ils en appellent « à l’opinion publique » et invitent tous les citoyens à les rejoindre, notamment lors d’ateliers qui auront lieu les mardis du mois de novembre, pour « travailler sur des propositions ». Ils pensent également poser un recours pour éviter le début des travaux. Une option à laquelle Martine Bayard est ouverte. « Ma détermination est profonde et sans fin, je ferai ce qu’il faut », conclut-elle.
Quant à la mairie, sollicitée par 20 Minutes, elle assume son choix. Elle assure que son projet est « validé par les bâtiments de France par l’Unesco », et ironise sur l’action du groupe écologiste « qui s’oppose au verdissement » de la ville.