Cannes : Poste de police municipale incendié, caillassages, trafics… Que se passe-t-il dans ce quartier de la cité des festivals ?
SECURITE•Des saisies de drogue et l’interpellation d’un dealer présumé ont semble-t-il mis le feu aux poudres à La FrayèreFabien Binacchi
L'essentiel
- Depuis jeudi, après des saisies de drogue et l’interpellation d’un dealer présumé, le quartier de La Frayère, à l’ouest de Cannes, est le théâtre de multiples incidents.
- Le quartier, qui bénéficie d’une « opération de requalification urbaine », n’avait pas été concerné par ce genre de faits depuis « plusieurs mois, voire plusieurs années », selon le patron de la police municipale.
La tension ne semble pas vouloir retomber. Depuis la soirée de jeudi, particulièrement agitée à la Frayère après des saisies de cannabis et l’interpellation d’un dealer présumé, ce quartier sensible de l’ouest de Cannes vit au rythme de nouveaux incidents. Après de nouveaux jets de pierre, samedi sur des véhicules des forces de l’ordre, dimanche soir, plusieurs feux de containers ont nécessité l’intervention des secours. L’un d’eux avait été positionné juste devant le poste de police municipale dont la façade a été calcinée.
« Ça a commencé dès 20 h 30, avec un groupe d’individus masqués ou cagoulés qui ont mis le feu à plusieurs poubelles, a raconté à 20 Minutes, ce lundi matin sur place, Yves Daros, le directeur de la police municipale de Cannes. Pour notre poste de police, on va appliquer 'la théorie du carreau cassé'. On va tout de suite passer un coup de karcher et un coup de peinture et ce sera terminé dans la journée ».
Le quartier bénéficie d’une « opération de requalification urbaine »
Ces dernières heures, on ne parle en tout cas que de ça dans ce quartier de la cité des festivals, à quelques kilomètres de la Croisette, qui bénéficie, depuis 2018, d’une « opération de requalification urbaine » d’envergure, portée notamment par la ville et la communauté d’agglomération. « C’était redevenu tranquille, soupire cette habitante. Il y a toujours des trafics, on le sait. Mais c’est malheureux de voir éclater toute cette violence. »
Jeudi soir, certains évoquaient des scènes dignes d’une « guérilla urbaine ». Plusieurs poubelles étaient incendiées sur l’avenue des Buissons-ardents, qui longe le quartier, des véhicules de police ont été caillassés et une caméra de vidéosurveillance a été détériorée. Depuis le début, trois policiers nationaux ont été blessés, selon le syndicat Alliance 06.
« C’est le fait d’une quarantaine d’individus. L’élément déclencheur semble être les trois saisies de drogue opérées par la police municipale, jeudi et à nouveau dimanche. Et l’interpellation, par la police nationale, d’une personne soupçonnée d’en faire le deal, indique également Yves Daros. Ça faisait plusieurs mois, voire plusieurs années, que nous n’avions pas eues à faire à ce genre de faits à La Frayère ». La mairie de Cannes a indiqué qu’elle avait fait « vider », vendredi dans le quartier, « un squat identifié dans un garage désaffecté qui servait entre autres de point de deal ».
« Ça va durer combien de temps ce foutoir ? »
Depuis, des enquêtes ont été ouvertes par le parquet de Grasse mais aucune autre interpellation n’a encore eu lieu. En attendant, le directeur de la police municipale se fait l’écho des demandes répétées du maire LR de Cannes David Lisnard d’obtenir « des renforts pérennes de policiers nationaux ».
La circonscription de Cannes va bénéficier de quinze postes supplémentaires cette année, selon de récentes annonces gouvernementales d’ajouter 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires sur la durée du quinquennat en France. « Mais les effectifs ne sont toujours pas suffisants et c’est pour cela que la police municipale est contrainte de prendre toujours plus d’ampleur », note Yves Daros.
Après les premières échauffourées de jeudi soir, le Commissaire central et chef du district de Cannes, Christophe Briez, avait annoncé à Nice-Matin un dispositif musclé pour sécuriser le quartier. Pas suffisant selon Unité SGP police 06. Dans un tract publié dans la nuit de dimanche et réagissant aux nouvelles exactions à la Frayère, le syndicat demande « ça va durer combien de temps ce foutoir ? ». Et de réclamer, lui aussi, « des moyens en effectifs [pérennes] et matériels sur les Alpes-Maritimes ».