« Nice est pour moi comme une personne qu’on aime toute sa vie », confie Patrick Besson
INTERVIEW•Le journaliste et écrivain Patrick Besson dresse le portrait de la capitale azuréenne dans « Nice-Ville », livre paru aux éditions Flammarion
Propos recueillis par Elise Martin
L'essentiel
- Patrick Besson est journaliste et écrivain. Il est l’auteur de plus de 80 livres dont Dara, Grand prix du roman de l’Académie française et Les Barban, Prix Renaudot.
- Il compare sa relation avec Nice comme celle qu’on peut avoir avec une personne. S’il n’y a jamais vécu, c’est pour entretenir ce lien d’admiration.
Entre 150 et 200 fois. C’est le nombre de fois que le mot « Nice » apparaît dans le dernier livre de Patrick Besson, paru aux éditions Flammarion. Avec Nice-Ville, l’écrivain et journaliste dresse le portrait de la capitale azuréenne comme il la voit, lumineuse, pleine de surprises et unique. C’est de cette façon qu’il a écrit l’ouvrage en testant de nouvelles formes. Rencontre avec un Parisien tombé amoureux de Nissa la Bella.
Entre un journal intime et un guide, comment avez-vous écrit cet hommage à Nice ?
J’ai des liens particuliers avec la ville. Ce n’est donc ni un roman, ni un livre d’histoire mais simplement mon histoire avec Nice. Je sais que pour chacun, elle est différente. On a tous notre ville. Moi, c’est Nice. C’est un livre d’amour qui raconte une histoire qui dure depuis trente ans. Au départ, c’est mon éditrice qui a eu l’idée, je n’en avais pas vraiment envie. Alors, pour me créer des surprises et des amusements à chaque page, j’ai testé de nouvelles formes d’écriture, avec des petits paragraphes. Finalement, le livre s’est construit en dehors de moi et j’ai suivi l’objet plus que je l’ai construit. Ce caractère fragmenté et déstructuré qui ne ressemble à rien, c’est ce que j’aime. Je dirai même que c’est mon livre préféré, comme on dit du dernier enfant, c’est mon petit chouchou.
Pourquoi ressentez-vous autant d’amour pour une ville où vous n’avez finalement jamais habité ?
J’ai déjà envisagé d’y habiter, j’ai visité plusieurs appartements. Mais Nice est pour moi comme une personne qu’on aime toute sa vie. Elle et moi, c’est comme si nous étions un couple qui décide de vivre séparément. J’ai eu peur de m’installer et que ce soit moins bien que ce que je vivais à chaque fois que je revenais et que Nice perde tout son charme. Au final, je ne suis pas Niçois et c’est peut-être ça qui me fait autant aimer la ville.
Qu’est-ce qui vous plaît tant ?
La première chose qui me vient à l’esprit quand je pense à Nice, c’est sa lumière exceptionnelle et unique. Ce n’est pas pour rien qu’énormément d’artistes sont passés par là. C’est très fort ce qu’on ressent quand on arrive ici. Aujourd’hui, c’est comme un train fantôme sous le soleil. Nice est un paradis pour chacun. Et pour moi, ça passe aussi par ses hôtels, les moments que j’y ai vécus avec les femmes que j’ai aimées. Mais aussi autant par ses restaurants gastronomiques que le McDonald’s vu sur la Méditerranée ou un kebab.
Maintenant que le livre est terminé, comment vos liens avec Nice vont évoluer ?
J’avais de l’appréhension en écrivant. Je me disais qu’en finissant le livre, ça aurait été la fin de quelque chose ou que j’en aurais marre. Mais vu l’envie que j’ai de revenir, je peux être rassuré. Je dis toujours que j’aimerais mourir à l’Aston dans mon sommeil après avoir lu un beau roman avec le chant des étourneaux.