Tempête Alex : Dans la Roya, les sinistrés devront encore patienter pour prendre le train
APRES LE DELUGE•La reprise des circulations sur la ligne Nice-Tende, envisagée pour le 18 janvier, est repoussée d’au moins deux moisFabien Binacchi
L'essentiel
- Relancé après des premiers travaux le 19 octobre, à vitesse très réduite, le TER desservant la vallée de la Roya, avait dû à nouveau être stoppé le 28 novembre suite à la découverte de la fragilisation d’un ouvrage d’art, frappé par les inondations.
- La réouverture de la ligne ferroviaire Nice-Tende, prévue pour le 18 janvier, n’est finalement plus envisageable avant le printemps, annonce SNCF Réseau.
- Des travaux de confortement sous les rails doivent se poursuivre.
Les cadres de la SNCF avaient bon espoir de pouvoir relancer les circulations d’un bout à l’autre de la ligne Nice-Tende dès lundi, le 18 janvier. Mais trois mois et demi après le déluge meurtrier et dévastateur dans les vallées des Alpes-Maritimes, le chantier lancé dans la Roya, le long des voies ferrées entre Fontan et Saint-Dalmas-de-Tende, s’annonce encore plus complexe que prévu.
Frappé par la furie des eaux le 3 octobre, un « mur à arcatures » supportant les rails nécessite des confortements supplémentaires. Et une remise en service n’est désormais pas envisagée… avant le printemps. Laissant les sinistrés avec les seules voies routières temporaires ouvertes dans l’urgence.
Relancé après des premiers travaux le 19 octobre, à vitesse très réduite, le TER avait dû à nouveau être stoppé le 28 novembre suite à la découverte de la fragilisation de cet ouvrage d’art, dont le pied du talus avait été emporté par les inondations.
« Pas totalement stabilisé »
« Le chantier sur le reste de la ligne aurait pu nous permettre un retour à la normale le 18 janvier. Mais des mouvements sont toujours constatés sur ce mur, a révélé ce vendredi le directeur territorial de SNCF Réseau Karim Touati. Le chantier entrepris dès le 4 octobre a déjà permis de diviser ces mouvements par trois. Ils se sont fortement ralentis et c’est plutôt rassurant. Néanmoins, l’ouvrage n’est pas totalement stabilisé. »
Depuis la catastrophe, ce viaduc centenaire, érigé un kilomètre après la gare de Fontan-Saorge continue à s’enfoncer et à glisser vers le lit de la rivière, la Roya. « L’ouvrage s’est tassé de 3 cm, mais les études montrent qu’il n’a pas souffert de dommages majeurs », précise encore le responsable. Les équipes sur place doivent encore réaliser une protection de berge et sécuriser la paroi grâce à un grillage profondément ancré.
Le lit de la rivière a déjà été détourné et 6.000 m3 d’enrochement ont été déposés au pied de l’ouvrage. Les réparations, effectuées par une centaine de personnes qui font les « 3-8 », sept jours sur sept, se font en rappel sur la paroi et avec le soutien d’hélicoptères. Elles ont été dernièrement ralenties par les aléas climatiques de l’hiver.
Un chantier à 30 millions d’euros
« On estime que le mur sera totalement stabilisé autour du 15 février, avance Karim Touati. Ensuite il faudra encore plusieurs semaines pour assurer la continuité de la ligne, en toute sécurité. » C’est-à-dire vérifier l’intégrité du ballast et des rails. Ce qui renvoie à une ouverture probable, au mieux, au début du printemps. Le coût de la reconstruction, à la charge de la région, de l’Etat, du département, de SNCF Réseau et des assureurs, est chiffré à 30 millions d’euros dont la moitié pour réparer ce mur.
Au nord de Tende, la ligne italienne empruntant le col pour redescendre dans le Piémont italien est en revanche opérationnelle et la circulation normale, a précisé SNCF Réseau. En aval de Breil-sur-Roya vers la mer et Vintimille, « la tempête a emporté la voie sur plusieurs centaines de mètres », selon Karim Touati. « Des travaux et des études ont été lancés » mais la répartition des tâches avec les Italiens pas fixée.