DEUXIEME VAGUE« La pression monte nettement » dans un service de réanimation de Nice

Coronavirus à Nice : « La pression monte nettement » observe le chef du service de réanimation de l'hôpital l'Archet

DEUXIEME VAGUELe service de réanimation dirigé par le professeur Dellamonica à Nice va se consacrer totalement aux malades du Covid-19
Michel Bernouin

Propos recueillis par Michel Bernouin

L'essentiel

  • Après trois semaines de hausse des admissions en réanimation, son service ouvre trois lits supplémentaires.
  • Les cas graves concernent toujours les patients les plus âgés.
  • Plusieurs études cliniques en cours sont porteuses d’espoirs pour le traitement de la maladie.

Les Alpes-Maritimes sont passées « dans le rouge » avec plus de 60 % d’occupation des lits de réanimation et près de 250 malades du Covid-19 hospitalisés. Alors que la plupart des indicateurs sont à la hausse d’après le dernier bilan publié ce mercredi par l’Agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte-d’Azur, le professeur Jean Dellamonica, chef du service Médecine intensive – réanimation à l’hôpital l’Archet de Nice, annonce que son service se dote de trois lits supplémentaires et va désormais se consacrer à 100 % aux malades du coronavirus.

Observez-vous l’arrivée d’une « deuxième vague » ?

Aujourd’hui, la pression monte nettement. Depuis début août, nous avions à nouveau des patients Covid-19, alors qu’il n’y en avait aucun en juillet. D’abord un puis deux, et finalement une nette augmentation depuis trois semaines. La décision vient d’être prise d’augmenter la capacité de prise en charge : nous ouvrons trois lits supplémentaires dans notre service, pour passer à treize lits. Et pour éviter de mélanger les malades, les patients qui n’ont pas le coronavirus iront dans un autre service de réanimation de l’Archet. On continue à s’occuper de tous ceux qui en ont besoin.

Votre service est proche de la saturation ?

Quasiment tous les lits sont occupés… mais déjà en temps normal c’est plus ou moins le cas. L’hôpital est en turn-over perpétuel. Nos capacités sont déjà tendues habituellement. Ce qui change avec le Covid, c’est que les patients restent plus longtemps en réanimation. Une des raisons de la pression sur les lits, c’est que sa durée d’hospitalisation est plus longue.

Le profil des patients Covid-19 a changé ?

Non, entre ce qu’on pourrait appeler la première vague et maintenant, nous avons exactement le même profil. Ce sont des gens plutôt au-delà de 60 ans, voire 70 ans, chez lesquels on retrouve de l’hypertension, du diabète ou du surpoids. Nous n’avons pas de jeunes concernés par les formes sévères. Le taux de mortalité des patients Covid en réanimation est comparable à ce qu’on observe avec les autres pathologies. La différence c’est que ces patients restent longtemps. La durée séjour moyenne en réa est de cinq à sept jours, pour les patients qui ont du coronavirus on a plutôt dix à quinze jours. Cela laisse des traces. Après les problèmes d’oxygénation dans la première phase il y a des infections bactériennes difficiles à traiter, et une perte importante de muscle qui nécessite ensuite une longue rééducation.

La prise en charge médicale a-t-elle évolué depuis la « première vague » ?

Nous avons un peu mieux compris la maladie, même s’il nous reste beaucoup de choses à comprendre. Nous donnons plus volontiers des corticoïdes pour ceux qui font un orage cytokinique. Ce qui est nouveau dans la recrudescence actuellement, ce sont les nombreux protocoles de recherche clinique. Ces derniers mois nous ont permis de nous organiser, il y a eu énormément de recherches, nous avons eu le temps d’avoir les autorisations réglementaires pour proposer aux patients des études. Pour l’instant il y a des pistes, pas encore de solution mais des espoirs importants dans les études en cours. On cible des choses intéressantes même si pour l’instant on ne peut encore rien dire.

Un nouveau confinement vous paraît une mesure nécessaire ?

C’est une décision qui relève du politique. Ce que j’attends en tant que médecin, c’est d’avoir les moyens pour prendre en charge les patients. Si le système de santé est au maximum de ses capacités, il faut diminuer le débit des entrées dans le service. Je n’ai pas du tout envie que la vie, ni que l’économie, s’arrête. Mais il n’est pas question ne laisser patients sans soins. L’hôpital doit s’adapter aux situations qui changent.