Nice : L’extension de l’aéroport est-elle toujours nécessaire ? « Oui », mais la plateforme veut « se laisser du temps »
AERIEN•Les travaux sont ajournés mais « il y aura bien besoin de cet agrandissement », assure Franck Goldanel, le nouveau président du directoire d’Aéroports de la Côte d’Azur
Fabien Binacchi
L'essentiel
- Le projet d’extension de l’aéroport de Nice, qui prévoit 25.000 m2 supplémentaires, est ajourné dans le contexte sanitaire actuel.
- « Mais il y aura bien besoin de cet agrandissement », assure Franck Goldanel, le patron de la plateforme azuréenne.
Un trafic réduit de 65 %, le terminal 1 toujours fermé et des perspectives de retour à la normale pas avant « trois à quatre ans ». Même s’il s’en sort « beaucoup mieux que d’autres aéroports de province », selon son nouveau patron, celui de Nice navigue toujours à vue dans la crise du Covid-19 et « va se laisser du temps » pour bien travailler son projet - contesté - d’extension. « Climaticide » selon une association, il s’inscrit désormais dans un contexte sanitaire qui a peut-être fait bouger les lignes. En fin d’été, Christian Estrosi expliquait lui-même : « Le tourisme de masse, ce n’est pas notre cible. »
En attendant, l’agrandissement du terminal 2, dont les travaux devaient commencer en 2021, est ajourné. C’est ce qu’a annoncé, mardi à la presse, Franck Goldanel, nommé le 21 septembre président du directoire de la société Aéroports de la Côte d’Azur (ACA).
« Travailler notre communication »
« Mais il y aura bien besoin de cette extension, a-t-il aussi assuré. Rien que pour traiter correctement le trafic de l’été 2019, quand nos installations étaient sursaturées, elle aurait été nécessaire. Je défendrai le dossier devant les actionnaires. » Après une fréquentation record de 14.485.423 passagers l’an dernier, l’aéroport de Nice devrait clôturer cette si particulière année 2020 sur un total de 5,5 millions de visiteurs.
« Le trafic va revenir à la normale d’ici trois à quatre ans. Et la crise actuelle va nous laisser du temps pour bien travailler le fond du sujet et notre communication autour de ce projet », a-t-il également avancé, sans vouloir préciser de nouveau calendrier.
Un recours contre le permis de construire
Ce « temps », le nouveau responsable de la plateforme voudrait notamment l’utiliser pour convaincre les détracteurs de cette extension de 25.000 m2 imaginée pour accompagner la hausse de la fréquentation. Elle devrait permettre à la plateforme d’accueillir jusqu’à 18 millions de passagers chaque année.
« Un projet anachronique et climaticide », dénonce encore ce mardi le collectif citoyen 06, en guerre contre cet agrandissement, y compris devant la justice. Le tribunal administratif de Marseille doit toujours statuer sur un recours formé contre le permis de construire, accordé fin 2019 par le préfet des Alpes-Maritimes.
La métropole se fait plus discrète sur le sujet
En attendant, Christian Estrosi, qui avait soutenu le projet avant la crise sanitaire, se fait désormais plus discret sur le sujet. Interrogée lundi par 20 Minutes, sur la nécessité de cet agrandissement, la métropole niçoise, qui conserve 1 % de ACA, n’a pas souhaité répondre. Fin août, à l’occasion d’un premier bilan de la saison touristique estivale, le maire de Nice avait décrit « le tourisme d’affaires, culturel et vert » comme « les dominantes qui vont l’emporter », assurant également que « le tourisme de masse, ce n’est pas notre cible ».
La CCI de Nice, actionnaire à 25 % de la société Aéroports de la Côte d’Azur, privatisée en 2016 et détenue en majorité (64 %) par le consortium Azzurra Aeroporti, elle, continue à défendre ouvertement le projet. « L’aéroport international Nice Côte d’Azur est un équipement structurant pour le département des Alpes Maritimes et son attractivité touristique », avance son président Jean-Pierre Savarino, vantant la « conception durable » et les « normes environnementales » retenues pour l’extension.
« L’aménagement du terminal 2 permettra de prendre en compte et d’anticiper l’évolution du trafic aérien tout en assurant le meilleur accueil et niveau de service aux passagers », dit-il.