CORONAVIRUSIls racontent leur mois de mai sans Festival de Cannes

Chasseur de stars, gardien du tapis rouge, couturière... Leur mois de mai sans Festival de Cannes

CORONAVIRUS« 20 Minutes » a retrouvé ceux qui sont d’habitude dans les coulisses de la manifestation annulée cette année pour cause d’épidémie de Covid-19
Fabien Binacchi

Fabien Binacchi

L'essentiel

  • Le Festival de Cannes 2020, qui devait s’ouvrir ce mardi soir sur la Croisette, a été annulé.
  • « 20 Minutes » est allé à la rencontre de ceux qui sont d’habitude dans les coulisses de la manifestation.
  • Ils racontent leur Quinzaine sans festival.

D’habitude, il se trouve de l’autre côté de la chaussée, coincé derrière des barrières, le doigt sur le déclencheur de son appareil photo. Mais cette année, Joseph Morpelli, que 20 Minutes avait déjà rencontré en temps de fête, a eu le droit de s’avancer sur le parvis d’un palais désespérément vide. Reconnu comme l’une des figures du « gang des escabeaux », ce groupe d’ultras de l’autographe, il est aujourd’hui « en pleine déprime ».

« On y a cru jusqu’au dernier moment. Puis, on a dû se faire une raison », soupire-t-il. Le Festival de Cannes, qui aurait dû lever son rideau ce mardi soir sur le cinéma mondial, a été annulé. « Remarque, pour beaucoup d’entre nous, qui venons parfois de loin, ça va faire des économies », ironise le sexagénaire. Et le sort de cette 73e édition, scellée par l'épidémie de Covid-19, ne mine pas que le moral de ce « chasseur de stars ».

Du tapis rouge aux « travaux de peinture » à la maison

José Will, que 20 Minutes avait aussi croisé l'an dernier dans les sous-sols du centre de congrès, a dû déserter. Le chef du service décor au Palais des festivals fait partie des 93 % d’employés au chômage partiel, forcé par la suppression en cascade de tous les événements cannois au moins jusqu’à septembre. « Ça fait 33 ans que j’y travaille et c’est la première fois que je vais vivre une année sans festival », raconte-t-il.

José Will, le responsable du service décor au Palais des festivals, dans sa réserve de tapis rouge
José Will, le responsable du service décor au Palais des festivals, dans sa réserve de tapis rouge - F. Binacchi / ANP / 20 Minutes

D’habitude chargé du tapis rouge déroulé sur les marches, le pro s’est consacré, ces derniers jours, « à des travaux de peinture » chez lui. « C’est moins glamour », plaisante-t-il. Il n’a retrouvé le chemin du palais qu’une fois en deux mois et c’était ce mardi matin.

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« A l’initiative de la mairie, nous avons hissé une bâche pour dire 'merci' aux soignants et à tous ceux qui veillent sur nous pendant cette crise. » C’est là, sur la « casquette » du centre de congrès que s’affiche d’habitude l’affiche du Festival de Cannes.

Des masques « couture » à la place des robes de soirées

Il n’y aura donc pas de starlettes sur les marches cette année. Et ça, ça ne fait pas les affaires non plus d’Aline Buffet. En temps normal, à cette période de l’année, la créatrice, maître artisan de son état, dessine et reprise des tenus de gala pour les happy few. Elle a dû trouver une autre activité. Pour celle que 20 Minutes avait surnommé la «reine des ciseaux», le Festival de Cannes 2020 s’est transformée en « festival des masques ».

Aline Buffet et ses associées créent des masques personnalisés
Aline Buffet et ses associées créent des masques personnalisés - F. Binacchi / ANP / 20 Minutes

Après avoir participé à la manufacture municipale chargée de fabriquer des protections pour tous les résidents cannois, elle s’est lancée, avec deux associées, dans une nouvelle activité « couture ». « Les masques vont devenir des accessoires de mode pour une durée indéterminée, mais sans doute au moins pour des semaines. Alors autant en avoir de jolis », dit-elle.

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Confectionnées à la demande et avec tout un choix de tissus différents, ces nouvelles créations peuvent aussi être recouvertes de dentelles (sous les trois couches protectrices réglementaires) d’imprimés léopards et même de chaînettes. Elle en a déjà écoulé en quelques jours plus de 500, facturés entre 12 et 35 euros. Et qui sait… si la crise venait à durer, ces créations se retrouveront peut-être sur les marches l’an prochain.