Côte d'Azur: Ils lancent un «observatoire des droits et libertés» face à «un virage dur et répressif»
VEILLE•Le Syndicat des avocats de France, la Ligue des droits de l'Homme et le Mrap ont notamment été motivés par l'affaire Geneviève LegayFabien Binacchi
L'essentiel
- Le Syndicat des avocats de France, la Ligue des droits de l’Homme et le Mrap lancent un Observatoire des droits et libertés dans les Alpes-Maritimes.
- « L’idée est de pouvoir former une réponse collective aux dérives autoritaires », affirme un responsable.
- « Il ne s’agit pas d’une déclaration de guerre. Mais puisqu’il a le monopole de la violence légitime, l’Etat doit être irréprochable », explique une avocate.
Ils l’assurent : le cas de Geneviève Legay, la militante de 73 ans blessée en mars lors d’une charge de la police à Nice, comme, plus récemment, le placement en garde à vue de quatre personnes qui participaient à une manifestation de la fonction publique dans la capitale azuréenne « ont été déterminants » dans leur démarche.
Le Syndicat des avocats de France (SAF), la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) viennent de lancer l’Observatoire des droits et libertés 06 dans les Alpes-Maritimes.
« L’Etat doit être irréprochable »
« Il ne s’agit pas d’une déclaration de guerre, précise l’avocate niçoise Me Mireille Damiano, membre du SAF. Mais puisqu’il a le monopole de la violence légitime, l’Etat doit être irréprochable. Et certains éléments récents nous font penser qu’il y a peut-être eu un virage dur et répressif et un usage excessif de la force. »
Cet observatoire, « basé sur le même modèle que ce qui s’est fait dans d’autres grandes métropoles, notamment à Toulouse ou à Nantes », selon l’avocate, a déjà le soutien de l’Association pour la démocratie à Nice et de Tous citoyens. « L’idée est de pouvoir former une réponse collective aux dérives autoritaires qui existent aussi dans le département des Alpes-Maritimes », explique Henri Busquet, le président de la LDH à Nice.
Des « missions d’observation » autour des migrants
En plus de collecter l’information et de la rendre publique, le collectif pourra également organiser des « missions d’observation » notamment pour suivre la gestion des migrants dans ce départment frontalier avec l’Italie. L’observatoire sera là « pour faire remonter les atteintes aux droits des sans-voix », précise encore Mireille Damiano.
« Il y a notamment un problème de personnes qui signalent qu’elles n’ont pas pu déposer plainte. L’idée est de pouvoir recenser ces dysfonctionnements qui ne sont jusque-là pas connus », précise l’avocate. Une difficulté que confirme le bâtonnier de Nice Thierry Troin, présent à la naissance de l’observatoire. « Ce sont des faits pour lesquels nous sommes saisis et qui sont souvent la conséquence d’un manque de personnels », a-t-il expliqué.