Municipales 2020 à Nice: Transport, impôts et sécurité, quels débats animeront le scrutin?
MUNICIPALES•A un an des municipales, «20 Minutes» liste les enjeux de l’élection. A Nice, on va parler de vélos, de tramway, de caméras et de fiscalitéMathilde Frénois
Christian Estrosi (LR) bien installé et Eric Ciotti (LR) en possible challenger. L’extrême qui fait les yeux doux et le PS en trouble-fête. Si la liste des candidats n’est pas encore dévoilée à Nice, les sujets qui animeront les débats de l’élection municipale se dessinent doucement. Impôt, sécurité, transports. Ce sont les thèmes qui préoccuperont le (ou la) prochain(e) maire de Nice. Il ne lui reste plus qu’un an pour réviser ses arguments.
La guerre des chiffres sur la fiscalité
C’est peut-être en mai dernier que la campagne des municipales a commencé. A deux ans de l’échéance et avec pour top départ un débat enflammé sur les impôts. Pas forcément déclarés candidats, Christian Estrosi et Eric Ciotti se sont lancés dans une guerre d'annonces au sujet de la fiscalité locale. Du côté de la métropole, un nouvel impôt sur le foncier bâti pour financer un nouveau plan d’investissement a été créé. Alors qu’Eric Ciotti montait au créneau, l’actuel maire de Nice annonçait trois mois plus tard deux baisses : les diminutions de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) et de la taxe sur le foncier bâti à Nice (pour compenser la création de l’impôt métropolitain). Dans le même temps, Eric Ciotti et son département des Alpes-Maritimes annonçaient une baisse d’impôts au travers de la taxe foncière sur les propriétés bâties.
Derrière la bataille des chiffres se cache une guerre politique. Christian Estrosi et Eric Ciotti, désormais frères ennemis, bataillent pour tirer l’électorat vers une droite plus centriste pour le premier ou plus dure pour le second. C’est « une insulte à l’intelligence des électeurs », pestait alors le premier secrétaire du PS des Alpes-Maritimes Xavier Garcia évoquant « un électoralisme éhonté et d’une course à l’échalote fiscale ». La question de l’impôt trouvera assurément une place centrale dans la campagne des municipales niçoises.
Quelle place pour le vélo dans la ville ?
C’est à Nice que sera donné le top départ du tour de France en 2020. Si les coureurs cyclistes empruntent des routes vidées des autres véhicules, au quotidien, les Niçois ont la possibilité d’emprunter 75,5 km de pistes cyclables dont 31 en site propre. Des structures estimées insuffisantes par l’association de défense des cyclistes « Nice à Vélo ». « Ça manque cruellement d’aménagements. Ce qui remonte de la part des usagers, c’est surtout le manque de sécurité, pointe Muriel Giraud, la présidente du collectif. On demande davantage de voies protégées. » A Nice, il en existe deux très longues en site propre : sur la promenade des Anglais et le long de la Coulée verte. Le reste est constitué de bandes pas forcément protégées : « Elles sont toujours envahies par les voitures mal garées, les camions de livraison, les poubelles », énumère-t-elle.
Il y a exactement dix ans, la ville de Nice a lancé son dispositif de partage. Un service nommé Vélo bleu, qui compte aujourd’hui 175 stations et 10.000 abonnés. « Il faut mener une vraie politique pour favoriser le vélo, affirme encore Muriel Giraud. Ça ferait du bien à cette ville polluée et encombrée. » Une question de qualité de vie dans la ville de Nice.
En matière de sécurité, la place des caméras
Pendant le Carnaval de Nice, Christian Estrosi a passé une étape supplémentaire dans sa volonté de sécuriser Nice grâce à la vidéosurveillance : il est parvenu à expérimenter la reconnaissance faciale. Et ce n’est pas la seule technologie à utiliser les 2.348 caméras de la ville à des fins sécuritaires. La commune a aussi le souhait de tester un détecteur d’émotions et une application d’appel vidéo à la police. Objectif : anticiper ou agir face à un danger ou une incivilité.
Une logique de vidéosurveillance qui fait appel aux nouvelles technologies pas forcément appréciées de tous les Niçois. L’élu PS Paul Cuturello s’inquiète des « données recueillies », le chef de file de l’opposition à gauche Patrick Allemand du « tout sécuritaire », le représentant du Parti communiste dans les Alpes-Maritimes Robert Injey d’une « fuite en avant ». Cette opposition préférerait davantage de moyens humains plutôt que toujours plus de caméras.
Par quel bout prendre la problématique du tracé du tram ?
Tarif et tracé. Ce sont les deux mots qui font polémique aux deux extrémités de la ville de Nice. D’un côté, à l’ouest, c’est le prix du billet qui est en discussion. Pour 1,50 euro (ou un euro grâce au carnet de 10), il est possible de rallier l’aéroport au centre-ville. Les taxis montent au créneau, criant à la concurrence déloyale quand leurs courses sur le même trajet atteignent une trentaine d’euros. De l’autre côté, à l’est, c’est le tracé qui ne convient pas. Ou plutôt l’absence de tracé. Pourtant envisagée dès 2004, l’extension de la ligne 1 de Pasteur jusqu’à L’Ariane et La Trinité est abandonnée. A la place, un bus en site propre sera mis en place.
Une alternative loin de convaincre Arianencs, Trinitaires et élus de l’opposition. Ils proposent de « financer la prolongation de la ligne 1 [à l’est] par un tarif du tram différencié à l’aéroport [à l’ouest] ». Une hypothèse à l’étude, et dont le prochain(e) maire de Nice devra s’emparer. Car dans le même temps, d’autres projets sont en cours : les rails rallient doucement l’Allianz Riviera et bientôt Cagnes-sur-Mer.