JUSTICE«Niveau exceptionnel» de violences aux femmes dans les Alpes-Maritimes

Nice: «Niveau exceptionnel» de violences faites aux femmes dans les Alpes-Maritimes

JUSTICESur les onze premiers mois de l'année 2018, 430 affaires de violences familiales ont été traitées par le parquet de Nice
Mathilde Frénois

Mathilde Frénois

C’est un record dont le département aimerait bien se passer. Selon le procureur de la République de Nice, les Alpes-Maritimes atteignent « un niveau exceptionnel par rapport au reste du territoire national » en matière de violences faites aux femmes. « Les Alpes-Maritimes sont en dessous de certains territoires d’Outre Mer. Mais totalement en tête, voire le premier, sur le territoire métropolitain de la République, pointe Jean-Michel Prêtre. Il y a une vraie problématique, que ce soit sur Nice et sur Grasse. »

Sur les onze premiers mois de 2018, 430 affaires de violences familiales ont été traitées par le parquet de Nice. Un chiffre stable depuis 2016. En revanche, le nombre de poursuites devant le tribunal correctionnel a augmenté de plus de sept points, passant de 120 en 2016 à 148 en 2018. « Il a été développé en la matière en 2018 des réponses beaucoup plus fermes par des prononcés de peines classiques au détriment des réponses alternatives », explique le procureur.

Vingt téléphones d’urgence

« Il y a quelque chose de particulier, estime Jean-Michel Prêtre. Il y a des raisons structurelles avec des groupes de personnes qui sont d’origine et de culture identique et qui fonctionnent de manière totalement égocentrée (…) Ces groupes familiaux sont percutés dans notre culture dans laquelle ils commencent à se dissoudre. Cette percussion crée un déséquilibre important, donc des réactions plus violentes. »

Les victimes de ces violences familiales concernent les femmes à hauteur 80 %, les enfants à 15 % et les hommes à 5 %. Pour lutter contre ces situations, des enquêteurs spécialisés, des comités d’accueil dans les commissariats, des travailleurs sociaux dédiés ont été mis en place comme ailleurs sur le territoire français. A Nice, une vingtaine de téléphones d’urgence (confiés à des victimes qui peuvent le déclencher lors des violences) sont mis à disposition. Ils sont quasiment tous utilisés. « Il y a une grande part de violences physiques, mais il ne faudrait pas oublier les violences psychologiques, très importantes », précise le procureur. Aussi, près de 70 % des violences familiales restent totalement inconnues des services sociaux comme de la justice.