TRADITIONAvant de faire sa crèche, comment bien choisir ses santons de Provence?

Provence: Avant de faire sa crèche, comment bien choisir ses santons?

TRADITIONA l’occasion de la foire aux santons de Mouans-Sartoux, « 20 Minutes » vous aide à reconnaître un vrai santon traditionnel et artisanal d’une figurine industrielle…
Mathilde Frénois

Mathilde Frénois

L'essentiel

  • Le véritable santon de Provence est en argile. Un tampon est incrusté sous la figurine.
  • Aucune représentation n’est prohibée, un Johnny Hallyday miniature est même exposé à Mouans-Sartoux.
  • Il faut compter au minimum 8 euros pour un santon artisanal de 7 cm.

Un jeune berger avec son agneau, un tourneur de polenta, un porteur d’eau, un ramasseur d’olives. Point commun ? Ils entrent tous dans la composition de la crèche provençale. Mais comment reconnaître un vrai santon traditionnel et artisanal d’une figurine industrielle ? A l’occasion de la 35e foire aux santons de Mouans-Sartoux, 20 Minutes a demandé aux santonniers qui y exposent de démêler le faux du vrai.

Comment débusquer un santon de Provence ?

C’est sous la peinture que peut se cacher l’authenticité de la figurine : elle doit être en argile. « On peut se rendre compte d’un faux santon à son poids. Le plastique et la résine sont plus légers, fait remarquer Didier Coulomb, santonnier depuis 1990 dans l’atelier familial d’Aubagne. Mais la seule manière de reconnaître, c’est l’estampe. Un tampon est incrusté dans l’argile. Dessus, il doit être écrit qu’il est fait main, en Provence ou au minimum en France. »

Existe-t-il des personnages interdits ?

Maire, curé, gladiateur, etc. L’imagination des créateurs est sans limite. « Tant que le modèle n’est pas grossier ou vulgaire, tout est permis, estime Mireille Fouque, quatrième génération de modeleurs de la maison Fouque. La coutume veut que l’on se représente autour de la nativité pour obtenir la protection divine. C’est pour cela que tous les corps de métiers apparaissent. »

Depuis 1934, la maison Fouque a créé l’Arlésienne à la cruche, la boulangère, la femme au foin, les danseurs de quadrille, le menuisier… Son fameux berger Coup de Mistral en 1952. Et le porteur d’eau cette année.

Mireille Fouque et son fameux santon, le berger coup de mistral.
Mireille Fouque et son fameux santon, le berger coup de mistral.  - Sophie Spiteri

Quelles sont les demandes et les santons les plus farfelus ?

Parfois, l’actualité guide l’imagination des créateurs. Ainsi, cette année à la foire de Mouans-Sartoux, un Johnny Hallyday de 35 cm, avec son blouson noir et son micro, a fait apparition au milieu des crèches. Déjà deux répliques de « l’idole des jeunes » ont été vendues au prix de 99 euros. Un an exactement après son décès.

« Rien n’est interdit, insiste Georges Vallette, conseiller municipal de Mouans-Sartoux et responsable de la foire aux santons. On m’a demandé un chef de gare, un peintre en bâtiment, un vétérinaire, un ingénieur. Ce sont des choses que je n’ai pas. » En revanche, Georges Vallette a déjà croisé Paul Bocuse et l’Abbé Pierre en miniature, santon auquel l’association Emmaüs, responsable des droits de l’image et du nom de l’Abbé Pierre, s’est d’ailleurs opposée.

Où acheter son santon de Provence et à quel prix ?

La maison Fouque a créé 1.800 modèles, dont 1.000 sont encore en fabrication. « Pour une figurine de 7 cm, il faut compter au moins 13 euros. Les animaux sont fixés à 7 euros, énumère Mireille Fouque. Mais une crèche, ça ne s’achète pas d’un seul coup. Ce sont des cadeaux de naissance, de communion, d’anniversaire. On en voit même de plus en plus dans les listes de mariage. »

Dans les Alpes-Maritimes, 30 à 40 mille santons de 21 santonniers sont exposés à la foire de Mouans-Sartoux, dans la médiathèque espace La Strada. Jusqu’au 24 décembre, entrée libre de 14h à 18h (sauf le 24, fermeture à 17h). Là, il est possible d’acheter des santons de 7 cm à partir de 8,50 euros, des maisons entre 30 et 100 euros, des animaux à partir de 6 euros. Ailleurs, les ateliers font visiter leur fabrication et les santonniers exposent. Se renseigner sur leurs sites internet.

Comment les santonniers se protègent-ils ?

« Malheureusement, le mot santon fait partie du dictionnaire. N’importe qui peut appeler santon un personnage qu’il vient de mettre dans la crèche, pointe Didier Coulomb qui dispose tout de même du label “entreprise du patrimoine vivant”. On n’a aucune protection mis à part le tampon dessous. » Pour y remédier, des santonniers de Provence sont en train de créer une IGP [Indication géographique protégée]. Mais le processus est long et la certification n’arrivera « pas avant quatre ou cinq ans ».