Côte d'Azur: Un site gaulois «monumental» enfoui près d'une piste de ski
HISTOIRE•Un sanctuaire datant de l'âge de fer est étudié à Roubion...Mathilde Frénois
L'essentiel
- A 1.800 m d’altitude, au cœur du Mercantour, les archéologues viennent de découvrir que ce site gaulois renferme un « sanctuaire monumental ».
- Remarquablement conservé grâce à l’effondrement de ses murs d’enceinte, le site continuera à être fouillé jusqu’en 2019 avec un budget de 300.000 euros sur trois ans.
L’hiver, les skieurs y posent leurs spatules. Ils dévalent la pente de la piste noire la Tournerie de Roubion, ignorant qu’à quelques centimètres sous la neige (et dans la terre), se cache un trésor archéologique. A 1.800 m d’altitude, au cœur du parc du Mercantour, les archéologues viennent de découvrir que ce site gaulois renferme un « sanctuaire monumental ».
Découvert en 1996, le site de la Tournerie fait l’objet de fouilles approfondies depuis 2014. « La grande enceinte de 500 m2 a la forme d’un escargot. Des fossés ont été creusés dans le rocher jusqu’à 4 m de profondeur. Leurs déblais ont permis la construction de murs qui font 5 m de large, détaille Franck Sumera, responsable de la fouille, conservateur au ministère de la Culture et chercheur à l’université de Marseille. Au total, 4.000 m3 de rochers ont été extraits à une époque où les pelleteuses et les pioches n’existaient pas. » C’est que la Tournerie date de l’âge de fer.
Un trésor monétaire
A l’intérieur de l’enceinte, les archéologues ont trouvé des restes de repas, des éléments d’armes (lances, boucliers) et un dépôt monétaire avec des pièces frappées à Marseille. « Ces liens avec Marseille sont très étonnants parce qu’on est très loin. Cela peut s’expliquer par les ressources minières très importantes de la vallée de la Tinée, notamment en cuivre », explique-t-il. Dans le sanctuaire, qui a fonctionné de manière régulière entre -VI et -II avant JC, les chercheurs ont également mis la main sur des sépultures fastes et d’autres plus modestes, des restes disloqués de près d’une centaine d’humains, une tête exposée à l’entrée d’une cavité. « On imagine aussi des têtes plantées au-dessus des lances, pointe Franck Sumera. Cette association de restes humains et d’armes avait été identifiée une seule fois en Méditerranée. »
Remarquablement conservé grâce à l’effondrement de ses murs d’enceinte, le site continuera à être fouillé jusqu’en 2019 avec un budget de 300.000 euros sur trois ans. Les objets et les os seront conservés dans un centre de dépôt régional avant d’intégrer un musée des Alpes-Maritimes. « L’objectif est de terminer la fouille et d’entamer la reconstruction des murs dès l’année prochaine », espère Isabelle Lhommedet, chargé de mission patrimoine culturel au sein du parc du Mercantour. Pour remettre sur pied le premier monument de l’âge du fer dans les Alpes du Sud.