Nice: «Tout ce qu'ils ont tenté d'oublier ressurgit d'un coup», l’attentat toujours dans les têtes
TRAUMATISME•La panique s’est emparée des rues de Nice, mardi soir encore, synonyme que la cicatrice de l’attaque est encore ouverte...Mathilde Frénois
L'essentiel
- Le psychologue Dominique Szepielak rencontre des patients qui ne sont toujours pas retournés sur la promenade des Anglais. Un an et demi après.
- L’attaque a impacté la ville jusque dans son « tissu social ».
Un mouvement de foule s’empare du centre-ville de Nice. C'est la scène qu'ont (encore) vécue les supporters mardi soir sur le cours Saleya à la fin de France-Belgique.
La panique s'était déjà déclenchée fin avril après une dispute autour d’une cigarette et un coup de pistolet d’alarme tiré en l’air. Près de deux ans après l’attentat et ses 86 victimes sur la promenade des Anglais, la crainte d’une nouvelle attaque est toujours ancrée dans les esprits. De l’angoisse à un syndrome psychotraumatique, Niçois et touristes ont toujours du mal à « vivre avec ce souvenir », estimait lors de ce premier mouvement de foule à Nice le psychologue Dominique Szepielak.
Impact dans le « tissu social »
« C’est normal, les gens ont vécu un traumatisme très grave, dit ce docteur en psychologie qui intervient régulièrement à Lenval et pour les associations AFVT et Montjoye. Dès qu’il y a quelque chose qui peut rappeler une situation violente (par le bruit ou un mouvement de foule), ils sont replongés dans cette situation d’attentat. Tout ce qu’ils ont fait pour tenter d’oublier ressurgit d’un coup, comme si on ouvrait la boîte de Pandore. »
La plupart les personnes apeurées n’étaient pas présentes le 14 juillet 2016 sur la promenade. Preuve que l’attaque a impacté la ville jusque dans son « tissu social » : « Cet attentat de masse a touché le cœur de la vie niçoise avec les familles, les enfants, les ados, explique Dominique Szepielak. Même ceux qui n’étaient pas présents ressentent une culpabilité. »
« Une grande violence »
Et à chaque fois que les Niçois tentent de laisser derrière eux cette soirée de fête nationale, l’actualité les rattrape. « Pour beaucoup, il y a une envie d’oublier pour passer à autre chose. Le souci, c’est qu’il y a une récurrence d’attentats », note-t-il. Et en cas d’alerte, le premier réflexe est donc la préservation. « Ils sont attentifs pour eux et pour leur entourage proche, poursuit-il. Tout cela est d’une grande violence. Ces craintes démesurées sont invalidantes. Il est important que les gens ne développent pas une psychose. »
Dominique Szepielak rencontre des patients qui ne sont toujours pas retournés sur la promenade des Anglais. Un an et demi après.