Nice: «Vous êtes des cheminots en robe noire», les avocats sont en grève illimitée depuis cinq jours
EN COLERE•Depuis jeudi, une vingtaine d’affaires pénales a été reportée au palais de justice de Nice, et beaucoup plus au civil…M.Fr. avec AFP
«Vous êtes des cheminots en robe noire », a lancé lundi un magistrat à des avocats niçois en grève contre le projet de réforme de la justice qui perturbaient une session d’assises.
« Vous êtes des cheminots en robe noire ! Vous trahissez votre devoir d’avocats ! (…) Vous êtes la honte de la profession ! », s’est exclamé, excédé, Patrick Véron, président de la cour d’assises réunie pour le procès en appel d’un homme condamné pour viol en première instance.
Menaces de faire évacuer la salle
Derrière le bâtonnier niçois Valentin Cesari, plusieurs avocats en grève avaient pénétré dans la salle d’audience pour demander le renvoi du procès, en solidarité avec le mot d’ordre de grève illimité lancé par le barreau de Nice jeudi dernier.
Patrick Véron a d’abord souhaité consulter les parties civiles dont les avocats, venus de Tarascon, semblaient prêts à se solidariser avec leurs collègues niçois. Puis, brusquement, visiblement excédé par la présence des avocats grévistes, il a menacé de faire évacuer la salle et suspendu l’audience pour se retirer avec ses assesseurs.
Des audiences reportées
Depuis jeudi, « une vingtaine » d’affaires pénales a été reportée et « beaucoup plus » au civil où le renvoi est systématique quand il est demandé depuis l’appel à la grève, selon le parquet.
« L’annonce qui a été faite mercredi d’une grève totale et illimitée, ça impacte forcément énormément les audiences. C’est quand même particulièrement handicapant », a commenté auprès de la presse le procureur de Nice Jean-Michel Prêtre, lors de son point presse mensuel.
« Des gens maintenus en détention »
« Cela se traduit essentiellement par des renvois avec un inconvénient en termes de libertés (…) avec des gens maintenus en détention, et qui peut-être le méritent, ou peut-être pas, donc ça pose quand même un problème », a-t-il ajouté.
« La période est un peu difficile car des changements profonds sont annoncés et on n’a pas l’intégralité des textes, et le mouvement est en partie en rapport avec cette incertitude qui crée de l’inquiétude », a estimé Jean-Michel Prêtre.
Les magistrats n’ont pas le droit de grève
« Dans les réformes annoncées il y a des choses substantielles comme la création de pôles de compétence spécialisés, et la transformation des tribunaux d’instance en chambres détachées »
« Je rappelle que les magistrats n’ont pas le droit de grève et ne peuvent pas d’initiative décider de renvoyer une affaire au titre d’une grève. Ils peuvent manifester, protester et ne s’en privent pas mais ils n’ont pas la possibilité de ne pas tenir des audiences », a-t-il aussi souligné.