JUSTICENice: Quatre retraités condamnés pour avoir aidé des migrants

Nice: Quatre retraités condamnés pour avoir aidé des migrants

JUSTICEIls ont écopé d’une peine de 800 euros d'amende avec sursis…
Mathilde Frénois

Mathilde Frénois

L'essentiel

  • Les quatre retraités avaient été arrêtés en janvier.
  • Ils estiment avoir rempli leur « devoir d’être humain ».

Ils avaient aidé six étrangers en situation irrégulière en les faisant monter en voiture en janvier. Quatre retraités de l’association de défense des migrants de la vallée franco-italienne de la Roya ont été condamnés vendredi à Nice à 800 euros d’amende.

Le tribunal correctionnel a suivi les réquisitions du parquet. « Je suis plutôt déçu. Nous, on pense vraiment qu’on n’a rien fait d’illégal et simplement rempli notre devoir qui correspond à la déclaration des droits de l’homme et à notre devoir d’être humain envers un autre être humain. Même si c’est de la condamnation avec sursis, on fait appel, il n’est pas question qu’on accepte cela », a réagi l’un des prévenus, Gérard Bonnet.

Aucune contrepartie

Leur avocate Me Maeva Binimelis avait plaidé la relaxe au nom de l’immunité pénale prévue lorsque l’aide aux migrants ne donne lieu à aucune contrepartie. Elle a précisé que les quatre retraités étaient condamnés « uniquement sur le chef d’aide à la circulation d’étrangers en situation irrégulière » mais pas « des chefs d’aide au séjour et aide à l’entrée sur le territoire ».

René Dahon, 68 ans, Françoise Gogois, 64 ans, Gérard Bonnet, 64 ans et un de ses amis de Saint-Etienne, Daniel Oudin, 66 ans, avaient été dénoncés le 6 janvier par un riverain alors qu’ils transportaient six personnes venues d’Erythrée et du Tchad dont deux adolescents, pour leur éviter d’être contrôlés et pour les aider à rejoindre Nice.

Au moins treize migrants morts depuis septembre

La vallée de la Roya, au-dessus de Menton et Vintimille (Italie), est soumise à des contrôles incessants après que la frontière a été rétablie fin 2015, théoriquement pour protéger la France du terrorisme. Dans la pratique, ces contrôles, durcis cette année, conduisent à renvoyer en Italie les centaines de migrants qui passent ou tentent de passer en prenant des risques parfois mortels. On décompte ainsi au moins treize morts depuis septembre.

« Depuis le début de l’année, nous avons interpellé et remis à la disposition des autorités italiennes 20.000 migrants », a indiqué vendredi sur France Bleu Azur le préfet des Alpes-Maritimes Georges-François Leclerc. Cela représente 110 interpellations par jour en moyenne, bien plus qu’en 2016, où le nombre d’interpellations s’élevait à 26.000.