A Nice, le procès d'une gigantesque fraude au marché de poissons au gros
JUSTICE•Quelque 49 prévenus, mareyeurs, restaurateurs et responsables de grandes surfaces comparaissent dès ce jeudi…Fabien Binacchi
L'essentiel
- Les responsables de la société Les mareyeurs du Sud-Est semblent être à la base d’un monopole organisé grâce à une vaste escroquerie.
- Des restaurateurs et des responsables de rayons sont également impliqués.
En débarquant au MIN Côte d’Azur, l’immense marché au gros de Nice, un matin de novembre 2012, les gendarmes avaient mis la main sur quelques gros poissons.
Impliqués dans une gigantesque fraude autour de la vente de produits de la mer, 49 prévenus, dont les responsables de l’entreprise familiale depuis liquidée Les Mareyeurs du Sud-Est, se retrouveront dans les filets de la justice dès ce jeudi matin.
Poursuivis par le tribunal correctionnel de Nice pour avoir organisé un véritable monopole sur le marché des poissons frais et des fruits de mer, certains risquent jusqu’à sept ou même dix ans de prison.
Escroquerie et corruption
L’affaire porte sur des faits d’escroquerie en bande organisée (l’enquête a révélé l’existence de fausses factures et de comptabilités parallèles) et également de corruption. Des responsables de rayons et des restaurateurs de la Côte d’Azur ont été soudoyés pour écarter la concurrence.
« C’est l’ensemble d’une filière qui s’est retrouvée à avoir des pratiques complètement délinquantes », relève le procureur de la République de Nice qui n’exclut d’ailleurs pas « que ce type d’agissements existe dans d’autres filières ». « Ces choses sont, dans le Sud-Est, ancrées dans les habitudes », dixit Jean-Michel Prêtre.
Des grandes surfaces sur le banc des parties civiles
Dans cette affaire, il estime le préjudice à plus d’un million d’euros entre 2010 et 2012. Chez certains restaurateurs, les marchandises étaient réglées en partie au noir.
Ce liquide servait ensuite aux Mareyeurs du Sud-Est à rétribuer des salariés de grande surface qui leur accordaient des parts de marché supplémentaires. Plusieurs enseignes, dont Casino, se retrouveront sur le banc des parties civiles dans ce procès-fleuve prévu jusqu’au 16 juin.
Les 49 prévenus « ne seront pas tous sur la même ligne de défense », prévoit le procureur de la République de Nice. Certains protagonistes auraient ainsi expliqué aux enquêteurs qu’ils avaient peur de « sauter » s’ils ne jouaient pas le jeu.
L’avocat Michel Valiergue, qui défend le chef cannois aux deux étoiles Jean-Pierre Silva, à l’époque à la tête d’une plage de la Croisette, assure que son client avait été « obligé de rentrer dans la combine pour survivre ».