FRONTIEREUne nouvelle «journée de galère» pour 67 migrants demandant l'asile

Nice: Une nouvelle «journée de galère» pour 67 migrants demandant l'asile

FRONTIEREA midi, seuls six d’entre eux avaient pu déposer un dossier auprès des services de l’Etat…
Mathilde Frénois

Mathilde Frénois

L'essentiel

  • La semaine dernière déjà, près de 80 réfugiés étaient venus à Nice pour faire une demande d’asile et la plupart avaient dû dormir dans la rue
  • Tous viennent de la vallée de la Roya, et notamment du domicile de Cédric Herrou

Ils sont arrivés (légalement) ce lundi matin vers 10 h en gare de Nice. Descendus d’un train en provenance de Breil-sur-Roya et notamment du domicile de Cédric Herrou, 67 migrants se sont rendus au Forum réfugiés, la plateforme d’accueil du boulevard Grosso. Ne pouvant enregistrer leur demande d’asile à la frontière, ils se sont déplacés pour déposer un dossier administratif.

Mais c’est une journée d’errance qui attend ces migrants, originaires pour la plupart d’Afrique subsaharienne. A midi, seules cinq personnes avaient pu commencer les démarches administratives. Si en fin d’après-midi, les soixante autres ne peuvent être enregistrées, une nuit dehors les attend. « La même situation que celle de mercredi dernier se profile, regrette Loïc Le Dall, militant pour Roya Citoyenne, ADN et Amnesty international. Mercredi, 80 migrants avaient dû dormir sur les marches du palais de justice ou chez des particuliers pour attendre de remplir les dossiers. »

« La situation est critique »

C’est le manque de prise en charge des réfugiés par l’Etat que pointent du doigt les militants. « Humainement, la situation est critique, regrette David Nakache du collectif Tous citoyens. Il faut que les pouvoirs publics prennent des mesures et arrêtent de se défausser sur la générosité des citoyens. Cela dépend de la bonne volonté. »

Ainsi, les associations demandent à la préfecture la mobilisation de trois personnes d’astreinte pour faire avancer rapidement les procédures. Dans le cas contraire, elles souhaitent qu’un hébergement digne soit proposé aux migrants. « Pendant la campagne, Emmanuel Macron avait promis un accueil digne des réfugiés. Nous attendons les actes et souhaitons l’intervention du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb », dit David Nakache.

« Si je viens en France, c’est pour travailler »

Sidiki n’a pas encore pu déposer sa demande d’asile. En attendant, il patiente en centre-ville, dans le parc Estienne-d’Orves avec une cinquantaine d’autres migrants. « Je suis originaire du Mali. Je suis passé par l’Algérie, la Libye, l’Italie. Puis je suis arrivée en France à pied, raconte le jeune homme de 17 ans. Si je viens ici, c’est pour travailler dans la plomberie ou l’électricité. » Sidiki a déjà rempli une fiche avec ses renseignements personnels, espoir d’une vie meilleure. Quoiqu’il arrive, le Malien attendra jusqu’au dépôt de sa demande d’asile. Contactée par 20 Minutes, la préfecture des Alpes-Maritimes indique ne pas communiquer sur le sujet.

A 17 ans, Sidiki a quitté le Mali pour la France. Il souhaite demander l'asile et devenir plombier ou électricien.
A 17 ans, Sidiki a quitté le Mali pour la France. Il souhaite demander l'asile et devenir plombier ou électricien.  - M. Frénois / ANP / 20 Minutes

« Cette journée de galère en appelle d’autres. On est en période de haute arrivée, déplore Cathie Lipszyc, d’Amnesty International à Nice. Près de cent personnes ont débarqué dans la Roya et chez Cédric Herrou en quelques jours. Pour désengorger la situation, nous demandons la possibilité de délocaliser les démarches administratives à la frontière ainsi que la création d’un centre d’accueil et d’orientation, comme il existe dans d’autres départements. » Une possibilité que réfute pour le moment le président du département Eric Ciotti : « Il n’y aura pas de site d’hébergement pour mineurs à Contes. […] Plusieurs structures du même genre existent dans le département sans occasionner de problèmes particuliers. » Mobilisés, des citoyens et des associations niçoises ont apporté des sandwichs pour patienter jusqu’à l’ouverture du Forum réfugiés dans l’après-midi.

Face à cette situation et jugeant « ce nouveau coup de force [des migrants et des associations] inadmissible », le député LR Eric Ciotti demande au gouvernement de « se saisir dans les plus brefs délais de la question migratoire, de faire respecter le contrôle [aux] frontières et les lois de la République ».