Présidentielle: A Nice, les militants socialistes ont «l’impression d’être sur une terre étrangère à la gauche»
PS•Hamon tient un meeting ce mercredi à Nice. Dans ce fief de la droite «depuis longtemps», les supporters du PS doivent «faire avec cette réalité historique»…Fabien Binacchi
Des visages fermés, des haussements d’épaules, des sourires - narquois - même parfois. Ces réactions, les militants socialistes niçois qui tractaient avant un meeting de Benoît Hamon (ce mercredi soir, au palais Acropolis, en présence de Najat Vallaud-Belkacem) en ont essuyées quelques-unes mardi après-midi sur la place Masséna.
« Quand je suis arrivé de Paris il y a trois ans, ça m’a fait un choc, c’est sûr. Ici, on a clairement l’impression d’être sur une terre étrangère à la gauche. Mais pas question de baisser les bras. Si je n’y croyais pas, je serai plutôt en train de traiter mes dossiers au lieu de le faire à minuit », lâchait sur place Okba Bellabas, un avocat de 37 ans.
« Quand on est de gauche, on est souvent obligé de se nier »
En 2014, Patrick Allemand, le candidat socialiste aux municipales, avait recueilli 17,84 % des voix. « On doit faire avec. La ville est aux mains de la droite depuis longtemps. C’est un fait historique. On n’y peut rien », relativise Jean-Philippe Giraudo, un autre militant de 41 ans « remotivé » après les primaires « et la victoire de Benoît Hamon ». « Ce qui nous gêne par contre, c’est le marquage de plus en plus fort vers le FN », explique-t-il.
Un second tour trop à droite, c’est justement ce que redoute Clara, la trentaine. « Aux régionales, j’ai voté Estrosi pour faire barrage à Marion Maréchal-Le Pen [dans le département, l’actuel président de la région Paca n’avait devancé la candidate frontiste que de 33 voix au premier tour]. Ici, à Nice, quand on est de gauche, on est souvent obligé de se nier au nom du front républicain. Et c’est devenu insupportable. Pour moi, d’ailleurs c’est fini. Si Hamon ne passe pas au second tour, je n’irai pas voter ».
La moitié des votants de Hollande se tourne vers Macron
Et même avant le premier tour, certains ont déjà rendu les armes. En voyant le visage de Benoît Hamon sur le tract qui lui est tendu, cette autre Niçoise « pourtant socialiste historique » lâche, l’air dépité : « Il n’a aucune chance ». Elle n’ira pas au meeting du candidat du PS ce mercredi à Nice. « Je voterai utile. Ce sera Emmanuel Macron », annonce-t-elle.
Comme elle, « plus de 50 % des Azuréens qui avaient voté pour François Hollande en 2012 [35,69 % des suffrages] » préféreraient le candidat d’En marche ! cette année, avance Xavier Garcia, le très « vallsiste » premier secrétaire de la fédération du Parti socialiste des Alpes-Maritimes.
Le quinquennat de François Hollande n’aura (franchement) pas aidé à renforcer les rangs de la gauche locale. Le nombre de militants socialistes encartés dans les Alpes-Maritimes est passé de 1.300, en 2012, à 807, mardi. Dont environ la moitié de Niçois.