Nice: Cédric Herrou, l'agriculteur poursuivi pour avoir des migrants, fixé ce vendredi
JUSTICE•Le procureur de la République de Nice a requis huit mois de prison avec sursis contre lui...Fabien Binacchi
Héros pour les uns, bête noire pour d’autres, Cédric Herrou, poursuivi pour avoir aidé des migrants à rentrer en France depuis l’Italie, sera fixé sur son sort ce vendredi matin.
Une décision du tribunal correctionnel de Nice, où un rassemblement de soutien est programmé, est attendue dès 8 h 30. La juridiction dira si elle suit ou non les réquisitions du parquet qui avait réclamé huit mois de prison avec sursis contre l’agriculteur. Il explique à 20 Minutes attendre ce jugement « sereinement ».
Le parquet lui reproche une stratégie militante
Le procureur de la République de Nice reproche à Cédric Herrou, 37 ans, une stratégie militante et un détournement de la loi de décembre 2012 accordant l’immunité pénale à ceux qui apportent une aide humanitaire et désintéressée aux migrants.
« Quand il a commencé à revendiquer clairement les choses et investi les locaux de la SNCF à Saint-Dalmas-de-Tende, on a bien compris que ce n’était pas du tout une action d’aide à des personnes identifiées sur des situations dramatiques et on a considéré qu’il y avait un détournement du texte qui n’est pas fait pour accueillir en France tous ceux qui débarquent sur les côtes italiennes », a indiqué Jean-Michel Prêtre à l’AFP.
Début janvier, le représentant du parquet avait interjeté appel de la relaxe prononcée un peu plus tôt par le tribunal correctionnel de Nice en faveur de Pierre-Alain Mannoni, un enseignant-chercheur azuréen également poursuivi pour avoir aidé des migrants.
L’agriculteur de la Roya veut passer à l’offensive
« Ce vendredi, dans un cas ou dans l’autre, il y aura appel, ce n’est de toute façon pas fini », prévient Cédric Herrou, interrogé par 20 Minutes. Le militant de la vallée de la Roya, devenu un symbole malgré lui, compte même passer à l’offensive, face « aux carences des pouvoirs publics ». Notamment pour l’accompagnement des migrants mineurs.
« Les politiques n’assument pas leurs responsabilités. Nous, nous sommes juste à côté de Vintimille [commune frontalière, côté italien], alors on aide ces personnes, on se substitue aux autorités dont ça devrait être la mission. Avec des avocats français et italiens, nous allons vérifier la légalité de ce qui est fait à la frontière, annonce-t-il. »
Dans une enquête publiée mercredi, Amnesty International dénonçait des « violations » du droit constatées à la frontière franco-italienne. « Le plus souvent, les renvois vers l’Italie sont organisés sans formalités » et « les enfants non accompagnés ne font pas l’objet de l’attention requise par leur situation de vulnérabilité », a accusé l’ONG.