Côte d'Azur: Prison avec sursis requise contre un élu et les promoteurs de la tour Odéon
JUSTICE•Pour des faits de corruption active autour de la construction du plus haut bâtiment de Monaco…M.Fr. avec AFP
Depuis une semaine, la justice s’intéresse de près au plus haut bâtiment de Monaco, la tour Odéon. Ce lundi à Marseille, le parquet a requis trois ans de prison avec sursis et trois ans d’inéligibilité à l’encontre de Gérard Spinelli, maire (DVD) de Beausoleil et deux ans de prison avec sursis contre les frères Paolo et Claudio Marzocco, promoteurs immobiliers.
Le procureur Ludovic Leclerc a également demandé 65.000 euros d’amende à l’encontre de Gérard Spinelli et 100.000 euros pour chacun des frères Marzocco, poursuivis respectivement pour corruption passive et corruption active autour de la construction de la tour.
Blanchiment et fraude
Dans ce volet d’un grand procès pour corruption, blanchiment et fraude, la justice reproche aux promoteurs, les deux frères italiens et résidents monégasques, d’avoir payé Gérard Spinelli pour faciliter la construction. Beausoleil, commune limitrophe de Monaco, a abrité une partie du chantier lors de la construction. Aujourd’hui s’y trouve « un espace paysager » dépendant de la tour. Les accusations reposent notamment sur un document dactylographié intitulé « accord du 19 mars 2009 », saisi dans la villa de la compagne du principal prévenu, Lino Alberti.
Ce self-made-man de 71 ans, né en Italie, a des relations multiples et variées : élus, milieux d’affaires, mais aussi mafieux présumés. Le procureur n’a pas requis de peine à l’encontre de celui qu’il décrit comme « le fil conducteur » du procès en raison de son implication dans les deux autres parties de ce procès, qui font l’objet de réquisitions séparées prévues lundi après-midi.
« Un délit clandestin »
« La corruption est un délit particulier, c’est un délit clandestin, note le procureur. C’est assez peu fréquent qu’on retrouve un pacte écrit, la traçabilité des flux d’argent, des aveux, des écoutes ». La justice avait également saisi une enveloppe contenant 60.000 euros avec une liste de montants et une inscription « ODEON GERARD », correspondant selon lui bien à Gérard Spinelli. Il demande au tribunal de retenir ce « faisceau d’indices » contre les prévenus.
En dix points, l'« accord », accompagné d’une offre commerciale de deux millions d’euros avec un échéancier, évoquait le fait de s’abstenir de tout recours, de renoncer à l’exercice de certains droits de préemption, ou encore des autorisations de passage pour des engins de chantier.
Une « proposition de corruption »
Pendant l’audience, les frères Marzocco et Lino Alberti se sont renvoyés la paternité du document, dont ils n’ont cependant pas contesté l’existence. Les frères italiens ont toutefois nié avoir donné suite à cette « proposition de corruption », présentée selon eux par Lino Alberti.
« On ne comprend pas bien pourquoi on ne met pas fin à cette relation si on a affaire à quelqu’un qui propose ce genre d’opération », leur oppose le parquet. Par la suite, les frères Marzocco ont plusieurs fois eu recours à Lino Alberti lors de leurs négociations avec Vinci, le constructeur de la tour.