JUSTICELa cour d'assises repasse le film du braquage du «bijoutier de Nice»

Nice: La cour d'assises repasse le film du braquage du «bijoutier de Nice»

JUSTICELes bandes de vidéosurveillance « particulièrement violent[es] » ont été visionnées…
Le bijoutier braqué Stéphan Turk et son avocat dans le palais de justice de Nice.
Le bijoutier braqué Stéphan Turk et son avocat dans le palais de justice de Nice.  - M. Frénois / ANP / 20 Minutes
Mathilde Frénois

Mathilde Frénois

Pendant deux minutes et quarante-trois secondes, les yeux de la cour, des accusés, des parties civiles et du public n’ont pas décroché de l’écran. C’est exactement le temps du braquage du « bijoutier de Nice», dont les caméras de surveillance de la boutique ont immortalisé l’instant « particulièrement violent », insiste à la barre le capitaine de police en charge de l’affaire.

En scène Anthony Asli, le jeune de 19 ans que Stéphan Turc abattra quelques instants plus tard et un deuxième braqueur que l'accusation croit reconnaître en la personne de Ramzi Khachroub . La cour d'assises des Alpes-Maritimes se penche cette semaine sur son implication, ou non, dans ce vol à main armée.

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Sur la bande, de très bonne qualité et accompagnée de son, on voit d’abord Stéphan Turk ouvrir son commerce vers 8h45. Comme tous les matins, il redescend le rideau de fer derrière lui pour mettre en route la boutique avant l’arrivée des premiers clients.

Sous le rideau

Un vrombissement de scooter plus tard, les deux agresseurs se glissent sous le rideau, l’un d’eux donnant un coup de pied dans la porte. Le braquage commence. Deux coups sont portés au bijoutier, au thorax et à l’œil. « Il m’a donné un coup dans le cœur alors il a essayé de me tuer. Mais heureusement, je ne suis pas mort », soutient le commerçant face à la cour.

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Alors que l’un d’eux dévalise le coffre « d’un mètre de haut où Stéphan Turk conservait 80 % de ses bijoux » et s’empare du tiroir-caisse, le second menace le commerçant avec son fusil qu’il tient main gauche et ramasse ce qu’il peut dans la vitrine de l’autre main.

Trois coups de feu

Le butin entreposé dans un sac de sport, les deux hommes repassent sous le rideau de fer en criant « Vite ! » « Allez ! ». Une poignée de secondes plus tard, Stéphan Turk s’approche de la sortie, un pistolet dans le dos. Trois coups claquent dans la cour d’assises. L’écran de télévision vient de montrer le bijoutier tirer à trois reprises sur ses agresseurs en fuite sur leur scooter. Stephan Turk a tué Anthony Asli.

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Le film est projeté deux autres fois, avec deux points de vue différents de la bijouterie. Mais la réaction du présumé braqueur Ramzi Khachroub et du bijoutier Stéphan Turk reste la même. Ils sont impassibles.

Droitier ou gaucher ?

Plus que la violence du braquage, c’est le maniement de l’arme et des bijoux qui interpelle les avocats, les experts et le président. Ramzi Khachroub est-il droitier ou gaucher ?

Pour le commandant de police et les avocats de la défense, il est gaucher. Au visionnage, le coup de pied est porté pied gauche, il tape le bijoutier main gauche, il tient le fusil côté gauche.

Des arguments totalement remis en cause par l’avocat de la défense Me Frédéric Hentz. « Manifestement, Ramzi Khachroub est droitier, répète-t-il aux journalistes dans le hall du palais de justice de Nice. Pour les gestes précis, comme ouvrir une vitrine ou ramasser des bijoux par terre, il utilise sa main droite. Et puis dans ses coups, il se sert de sa jambe et son bras gauche pour protéger son côté fort : le droit. »

Une bande-son et un ADN

Ne se mettant pas d’accord sur une possible aisance gauchère ou droitière, un expert de la voix est entendu pour identifier celles présentes sur les bandes. Mais là encore, la mauvaise qualité du son ne permet pas d’affirmer, ou d'écarter, l’éventuelle présence de Ramzi Khachroub sur les lieux du braquage ce 11 septembre 2013.

Reste l’ADN retrouvé sur le bouchon du bidon de javel qui a servi à nettoyer le scooter des agresseurs qui correspond à celui de Ramzi Khachroub.

La cour d'assises de Nice a jusqu’à jeudi pour fixer le sort de Ramzi Khachroub et de son éventuel complice Alexandre de Matos, qui aurait fourni les cagoules et les gants utilisés lors du braquage.