Sea, « sauvette » and sun
ÉTÉ Avec les beaux jours, les vendeurs ambulants reprennent du serviceMathilde Frenois
Ahmed zigzague entre les parasols et les serviettes. Ses chaussures de marche qui crissent sur les galets de Nice et la douce musique de sa voix sont devenues un rituel pour les vacanciers : « Depuis 30 ans, de mai à octobre, je travaille tous les jours sur la plage. » Ahmed est vendeur ambulant de cacahuètes grillées. Ses chouchous, il les vend 2 € le petit sachet. « Ce métier est difficile. La marche et le soleil, c'est très fatigant. Et la recette ne dépasse jamais 50 € par jour. » Avec sa casquette vissée sur la tête, sa tenue toujours blanche et son plateau garni de cacahuètes, Ahmed a une technique bien rodée : des slogans qui restent dans la tête et l'offre d'un chouchou aux enfants à l'heure du goûter.
Concurrence illégale
A 66 ans, Ahmed ne se voit pas arrêter : « J'adore mon métier pour les rencontres. Faire autre chose ? Pas question ! » Il prétend déclarer ses revenus. Or, être marchand ambulant est interdit par un arrêté municipal. « La vente ambulante est ancestrale, explique Auguste Verola, adjoint délégué aux commerces. Ce qui dérange, c'est qu'ils ne paient pas d'impôts. Mais surtout, ils concurrencent les commerçants et les plagistes. » Quelques mètres plus loin, Sonia et Nabil sirotent une cannette qu'ils ont achetée 2, 50 € à un vendeur ambulant. « C'est très pratique, explique Nabil. Pas besoin de se déplacer, c'est livré sur place. Et c'est vraiment très frais. » Le couple a acheté sa boisson à un vendeur comme Marc*, qui arpente les plages niçoises, la glacière sous le bras, depuis 20 ans. « J'ai fait plus de cinquante demandes d'autorisation auprès de la mairie, et je n'ai pas eu d'autorisation », peste-t-il. « Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis fait appréhender par la police. Deux fois rien qu'hier. »