Nantes : « Originale et déroutante », l’incontournable œuvre aux 19 statues impressionne
CULTURE•Depuis début juillet, la nouvelle édition du Voyage à Nantes fait la part belle aux statues. Rue d’Orléans, une œuvre fait particulièrement son effet auprès du publicJulie Urbach
L'essentiel
- Installée en plein milieu de la rue d’Orléans, en centre-ville de Nantes, « European Thousand-Arms Classical Sculpture » de l’artiste chinois Xu Zhen ne passe pas inaperçue.
- Composée de 19 statues d’un blanc éclatant, l’œuvre de 14 mètres de long « remet en question les idées traditionnelles de séparation culturelle ».
Impossible de les manquer. Depuis trois semaines, une vingtaine de personnages ont investi la très fréquentée rue d’Orléans, artère piétonne du cœur de Nantes. Chacune sur leur socle en marbre, ces statues placées les unes derrière les autres mais pas toutes à la même hauteur forment à coup sûr l’œuvre la plus spectaculaire de la nouvelle édition du Voyage à Nantes. Il faut dire que l’ensemble, de 14 mètres de long et d’un blanc éclatant, ne laisse pas indifférent. « C’est joli, original, mais assez déroutant, confie une femme, en visite avec sa fille. En fait, on est un peu perdues sur le plan historique ! »
Composée de 19 statues, l’œuvre « European Thousand-Arms Classical Sculpture » de l’artiste chinois Xu Zhen brouille en effet les pistes. Notamment en mettant côte à côte et presque sur le même plan des figures qui n’ont a priori rien à voir entre elles. « Il s’agit de copies de sculptures occidentales allant du IVe avant J.-C. au XXe siècle, indique Marie Dupas, chargée de programmation artistique au Voyage à Nantes. Toutes mesurent ici 2m50 environ alors que leurs dimensions d’origine peuvent en réalité varier de 20 cm à 10 m ! L’artiste oublie le bronze, l’ivoire ou la pierre d’origine pour du béton armé recouvert de fibre de verre et de poudre de marbre ».
Athéna, la statue de la Liberté ou le Christ font partie des figures les plus faciles à reconnaître pour les passants. D’autres, dont certaines sont en double, un peu moins : « Il y a Ulysse, Hercule, mais aussi, avec son laurier sur la tête, l’Apollon du toit de l’opéra Garnier, ou encore le satyre Marsyas », détaille à un groupe de curieux une médiatrice du VAN. Sur place, les touristes s’arrêtent de longues secondes devant chaque visage. Et les questions fusent. « Est-ce du plâtre ? » (non) ; « l’œuvre a-t-elle été cassée ? » (non, les sculptures sont fidèles aux originales) ; « peut-on toucher ? » (non plus, même si beaucoup essayent sans demander).
Une déesse orientale apparaît
Mais c’est la vingtième silhouette, visible que d’un seul point de vue, qui rend cette œuvre encore plus particulière. Il faut se mettre bien de face, comme le font tour à tour les passants qui sortent leur portable, pour voir apparaître la déesse orientale Guaniyn et ses mille bras, aux mouvements dansants.
« L’œuvre remet en question les idées traditionnelles de séparation culturelle, suggérant que l’Humanité entière est engagée dans une fête absurde », explique le Voyage à Nantes. « C’est comme si les statues participaient à la grande parade que les gens qui se croisent forment ici, sans se connaître, estime Valérie, une Nantaise de 42 ans. Elles n’ont pas grand-chose à voir entre elles, mais au final ça fonctionne. »
Deux autres exemplaires de « European Thousand-Arms Classical Sculpture », l’une aux Etats-Unis et l’autre en Australie, sont visibles dans le monde. Après l’été et la fin du VAN, on ne sait pas encore ce qu’il adviendra de celui-ci, qui semble (malgré un acte de vandalisme déjà recensé) avoir trouvé sa place en plein milieu de cette artère, autrefois nommée rue du Peuple.
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