Nantes : « J’ai fait n’importe quoi »… L’ancienne directrice de « La Folle journée » poursuivie pour détournements
Festival•Quatre ans de prison ont été requis contre Joëlle Kerivin, accusée d’avoir détourné environ 300.000 euros dans deux structures qu’elle dirigeaitC. A. avec AFP
Deux ans après avoir été démise de ses fonctions, l’ancienne directrice du festival de musique classique « La Folle journée » de Nantes était jugée pour des détournements de fonds publics. Jeudi, le parquet de Nantes a requis quatre ans de prison avec sursis à l’encontre de Joëlle Kerivin, pour des faits commis entre 2014 et 2021, alors qu’elle exerçait au sein de la société anonyme d’économie mixte. Les sommes sont conséquentes : 232.000 euros pour « La Folle journée » et 61.000 euros pour l’espace Simone de Beauvoir, un espace de défense des droits des femmes que Joëlle Kerivin présidait.
Agée de 50 ans, l’ancienne directrice est également poursuivie pour abus de confiance. « J’ai fait n’importe quoi », a assumé Joëlle Kerivin, qui s’est confondue en excuses expliquant avoir « commis l’irréparable ». « J’ai perdu pied partout, à tous les niveaux » et « j’ai abîmé des gens qui me sont très chers », a-t-elle expliqué à la barre. Les réquisitions sont « sévères » et « soulignent bien, à la fois la gravité en termes de montant, mais aussi la gravité qui tient compte du fait que Madame Kerivin a visiblement organisé un système pour échapper à tous les contrôles et trahir la confiance de tous ses partenaires », a estimé Emmanuel Cheneval, avocat de René Martin, le fondateur de « La Folle Journée ».
Un système « de cavalerie »
D’après l’avocat, la mise en cause avait mis en place « un système de cavalerie », qui consiste à ponctionner de l’argent, qu’elle remboursait avec de l’argent qu’elle re-ponctionnait. « Comptablement, ça peut passer », a ajouté l’avocat. Principal financeur de la structure, la ville de Nantes avait porté plainte pour irrégularités comptables. D’après l’avocat de la ville, l’argent aurait été dépensé « dans des vêtements, dans des brushings ». Le parquet a également requis un an de prison avec sursis simple et 12.000 euros d’amende pour le commissaire aux comptes, également poursuivi dans cette affaire. Le jugement a été mis en délibéré au 4 mai.