Nantes : A Doulon-Gohards, la résistance s’organise avant la construction de 2.700 logements
CONTESTATION•Une manifestation s’est tenue ce dimanche sur ces anciennes friches maraîchères de l’est de Nantes. C’est là qu’un nouveau quartier doit pousser dans les prochaines annéesJulie Urbach
L'essentiel
- A Nantes, les premiers logements du futur grand quartier Doulon-Gohards, qui fera « la part belle à la nature », doivent entrer en construction.
- Ce dimanche après-midi, une cinquantaine d’opposants de tous âges se sont réunis au cœur de ces 180 hectares d’anciennes terres maraîchères pour une « assemblée de résistance ».
- Le collectif Sauvons les Gohards a déposé il y a quelques jours un recours en justice.
Certains se disent prêts à s’allonger devant les éventuels engins de chantiers qui pénétreront sur le site. D’autres s’engagent dès à présent à « mettre la pression » sur les élus et les promoteurs. A l’est de Nantes, la résistance s’organise contre le projet d’aménagement du futur quartier Doulon-Gohards. Ce dimanche après-midi, sous un beau soleil, une cinquantaine d’opposants de tous âges se sont réunis au cœur de ces 180 hectares d’anciennes terres maraîchères pour une nouvelle « assemblée de résistance ». Objectif : stopper la réalisation de ce projet urbain, qui prévoit notamment la construction de 2.700 logements, d’ici à 2035.
Si l’échéance semble encore lointaine, la pression est montée d’un cran il y a quelques jours chez les militants de Sauvons les Gohards, un collectif notamment soutenu par le mouvement Nantes en commun. « Les travaux de défrichage ont démarré avec l’abattage de près de 200 arbres, déplore Clément Barailla, l’un des représentants, photos à l’appui. Juste ici, à terme, ils veulent construire un parking silo, là des immeubles. Bétonner des dizaines d’hectares, sur cette réserve de biodiversité, c’est une catastrophe. » Des grillages ont aussi installé autour des champs, jusqu’ici appréciés des riverains et des promeneurs. sont en cours de réhabilitation.
La « nature en ville », du « greenwashing » selon les opposants
Pour tenter de mettre « un coup d’arrêt au projet pendant plusieurs années », le collectif a déposé un recours en référé-suspension sur le plan environnemental, qui sera examiné le 1er mars. Car selon les opposants, au moins deux espèces protégées, le campagnol amphibie et le bouvreuil pivoine (un rongeur et un oiseau), auraient été oubliées dans le recensement et rendraient donc impossible la réalisation des travaux. « Nous sommes affectés par ce massacre écologique qui se cache derrière le terme de "nature en ville", du greenwashing utilisé en permanence par la métropole, lance au micro Esther. Mais nous allons parvenir à enrayer la machine infernale à bétonner. »
Dans l’assemblée, la démarche de la métropole appelée « ville fertile », mise en avant pour la réalisation de cette ZAC (zone d’aménagement concertée, rebaptisée zone à cultiver par les manifestants), peine à convaincre. Pourtant, les 200 premiers logements qui doivent entrer cette année en construction sur cette parcelle le seront au milieu d’un « quartier sans voiture » dont les espaces publics « feront la part belle à la végétation et à l’eau », promet Nantes métropole sur son site Internet. Ce secteur nommé vallon des Gohards, qui accueillera en priorité des familles, sera constitué de petites venelles, de jardins collectifs et même d’un verger, alors que tout autour, des fermes urbaines sont en cours de réhabilitation. « C'est un contresens total, la nature en ville est déjà là, se désole Clément Barailla. C’est l’un des derniers poumons verts de la ville, avec probablement plusieurs zones humides qu'il faudrait davantage explorer. »